VS Naipaul, prix Nobel de littérature en 2001 est mort il y a quelques jours.
Il avait consacré 2 livres à l’influence de l’islam dans les pays décolonisés :
L’iran, la Malaisie, le Pakistan et l’Indonésie.
Crépuscule sur l’islam, en 1981,
Jusqu’au bout de la foi, en 1998
Vous devriez lire ce long texte (10 pages) de Jacques Weber (tiré de son livre L’ailleurs de l’autre), sorte de synthèse de « l’enquête » de Naipaul.
« Naipaul s’est fait beaucoup d’ennemis en refusant toute complaisance à l’égard du Tiers-monde et toute critique systématique de l’Occident, en rejetant les idéologies et le politiquement correct, et en répétant que « l’écrivain doit dire la vérité telle qu’il la voit ». Et, comme Conrad qu’il admire, « il refuse de ne pas voir ». Le roman ne lui permettant plus de dire tout ce qu’il voyait, ressentait et comprenait, il a eu recours au récit de voyage auquel il a appliqué une méthode et une forme très personnelles. Ses deux voyages dans l’Islam, qui sont à l’origine de Crépuscule sur l’islam, en 1981, et de Jusqu’au bout de la foi, en 1998, peuvent apparaître impersonnels. Il ne livre que par touches ses propres impressions sur les quatre pays qu’il a visités à vingt ans d’intervalle, l’Iran, le Pakistan, la Malaysia et l’Indonésie. Il retranscrit les conversations qu’il a eues avec de nombreux interlocuteurs, des gens importants et d’autres qui le sont moins, et laisse le lecteur se faire un jugement. »
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"Ses deux récits de voyages parmi les croyants, dont les conclusions sont identiques, ont valu à Naipaul une pluie de critiques. Les quarante-huit membres de l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture, basée à Rabat, l’ont accusé d’avoir volontairement déformé les faits et l’histoire. On a vu en lui un « antimusulman primaire », qui brosse un portrait sans nuances de l’islam des pays convertis, présenté comme « névrotique et nihiliste ». On lui reproche d’oublier que les chrétiens sont aussi des convertis, et les hindous eux-mêmes, dont la religion a été introduite en Inde par les Aryens. On l’accuse de passer sous silence le prosélytisme agressif des Églises chrétiennes en Afrique et en Asie, ainsi que les violences des nationalistes hindous, et de rendre les musulmans seuls responsables des affres de la partition et des violences communalistes qui ensanglantent le sous-continent. Il ne serait rien d’autre qu’un nationaliste hindou animé par une haine profonde des musulmans.