à l’auteur,
Vous ramassez ici et là des bouts de textes dans la presse anti-israélienne (qui peut aussi bien être israélienne : le « parti de l’Autre », pour parler comme FinkielKraut, existe en Israël comme partout) et à partir de ça, vous nous fabriquez une espèce de salade qui plairait fort au goût de ce qu’il faut bien appeler un antisémitisme français dont le développement est tout à fait concomitant à celui, fort préoccupant, d’une extrême droite européenne néo-nazie. Les menaces de mort reçues il y a quelques jours à l’Assemblée par le député Meyer Habib sont un signe particulièrement inquiétant, mais quand on lit ce qu’on lit sur AgoraVox, on ne peut guère, hélas, s’en étonner.
L’état d’Israël est l’état du peuple juif comme l’état français est l’état de la nation française. C’est très précisément quand on commence à ignorer ces sortes de réalités, lesquelles sont le résultats de très longs processus historiques qu’on prépare le terrain au racisme, à la xénophobie, si ce n’est à la guerre civile.
Plusieurs états européens qui étaient d’inspiration républicaine et démocratique, parce que leurs gouvernements n’ont pas pris à temps les mesures qui s’imposaient pour assurer la cohésion de la nation, ont été balayés par une extrême droite qui cessera de maquiller sa véritable nature quand elle sera devenue majoritaire en Europe. La Hongrie, la Pologne, l’Autriche, l’Italie, sont déjà engagés dans ce processus mortifère. La politique apparemment généreuse, de la chancelière allemande, mais catastrophique dans les faits, aura eu ce beau résultat de faire entrer plus de 90 députés néo-nazis au Bundestag. Les événements de ces derniers jours en Allemagne : manifestations violentes d’inspiration néo-nazie, chasse aux émigrés, n’augurent pas grand chose de bon. En France, le laisser-faire d’un Macron qui ne veut pas, en prenant les mesures qui s’imposent contre les Frères musulmans de l’UOIF, mécontenter son électorat musulman, est en train de créer la même situation. La France, la Belgique et l’Allemagne sont dans une situation des plus préoccupantes.
Le gouvernement de Netanyahou est sans doute un gouvernement conservateur, dont la politique peut bien être définie, à cause de ses orientations économiques libérales, comme une politique « de droite », mais certainement pas d’extrême droite. Ce qui aura définitivement discrédité l’extrême droite en France après la guerre, c’est son engagement dans la collaboration, et donc son antisémitisme. L’étiquette « extrême gauche », il y a trente ans, appliquée à un politicien, ne le discréditait pas nécessairement. L’étiquette « extrême droite »
en faisait un parfait salopard antisémite, nostalgique de Vichy. Le gouvernement de Netanyahou serait-il un gouvernement antisémite ?
Il y a des quantités d’assertions, dans votre article, qui révèlent, au mieux que vous ne savez pas très bien de quoi vous parlez ; au pire, que vous essayez de manipuler les naïfs. Il n’y a pas de constitution en Israël. Et alors ? L’Angleterre n’a jamais eu elle aussi que des « lois fondamentales ». Elle n’a pas de constitution. Or, le pays qui aura le plus inspiré tous les théoriciens de la démocratie dès l’époque classique, c’est précisément l’Angleterre.
Vous parlez de territoires « occupés ». De quels territoires s’agit-il ? De la Judée - Samarie, qui recouvre à peu près les anciens royaumes de Juda et d’Israël à l’époque où naissait avec Homère la littérature grecque. Qu’il y ait des Juifs sur les terres de l’ancien royaume de Juda et des Israéliens sur celles de l’ancien royaume d’Israël, est-ce tellement bizarre ? Est-ce une occupation ? Vous allez bientôt nous expliquer que le département du 93 et les « territoires perdus de la république », où ces sales faces de craie racistes que sont les Céfrans sont en passe de devenir désormais minoritaires, seraient probablement des territoires « occupés » par une administration coloniale française ?
Israël est depuis l’origine un état menacé. Les situations dramatique que nous avons connues en France depuis dix ans à cause du terrorisme, il les connaît depuis l’origine, et à la différence des pays européens tétanisés par de nouvelles menaces qu’il croyait réservées à Israël, l’état juif prend au fur et à mesure les dispositions qui permettront démocratiquement de maintenir la paix civile et la coexistence entre la nation juive et les très nombreuses minorités qui y jouissent d’un statut qu’elles n’auraient nulle part ailleurs au Moyen-Orient. Nous ferions bien d’en prendre de la graine, parce que chez nous en Europe, c’est l’extrême droite qui risque très vite de l’emporter. Elle traitera assurément ces sortes de questions d’une manière infiniment moins démocratique que le très pacifique Likoud israélien : Netanyahou gouverne avec une prudence de Sioux.