Mais vous reconnaissez vous-même qu’en France la diversité politique est un leurre. Donc pourquoi chercher encore une « alternance » au pouvoir en Russie si :

- Les gens ne veulent pas revenir en arrière (selon vous comme selon moi)

- Le changement de l’homme au pouvoir ne se justifie en soi que s’il y a une alternance réelle (un autre parti). Sinon c’est du pipeau comme chez nous, voire pire : une arnaque. Cette obligation pour un parti sortant de représenter un candidat différent (en France comme en Russie) même s’il est populaire, est d’ailleurs ridicule. Ce n’est pas ça qui garantit l’intégrité des élections.

- Il y a une diversité dans l’opposition. Elle est peut-être de façade (qu’on dit, mais ici alors qu’est-ce que c’est !) mais elle ne perce pas, c’est tout. Et ce n’est pas du fait de la prétendue censure (vous le dites vous-mêmes : Les gens sont assez grands pour aller sur internet qui, d’après ce que j’en vois, est même moins surveillé que chez nous).

Enfin, si le libéralisme (économique) est encore excessivement dominant sur le marché de travail en Russie, il n’est pas si évident que ça de le juguler sans provoquer des mécontentements massifs. Comme chez les français, les russes réclamant une politique plus sociale (parfois en mélangeant les concepts et en s’imaginant que le modèle est chez nous) sont aujourd’hui imprégnés du mode de vie très très « capitaliste » et dépendant du libre-échange : Les achats à toute heure et les achats de produits manufacturés chinois (ou occidentaux pour ceux qui veulent frimer), une certaine ubérisation héritée spontanément de l’effondrement de l’URSS (finalement devenant aujourd’hui moins dure que chez le vrai Uber car il y a de la concurrence au niveau des plateformes pour recruter par exemple des taxis) mais à laquelle les consommateurs et certains travailleurs se sont habitués. Les taxes faibles, pas seulement pour les riches (bien que ce soit le cas) mais aussi pour les classes moyennes. Les fonctionnaires sont nombreux mais pas spécialement privilégiés ni chèrement payés (il n’y a pas de secret, c’est des mathématiques, c’est pragmatique au moins). A côté de ça les services de santé et certaines prestations familiales se sont améliorés, ce qui redore le blason. Donc celui qui commencera à toucher à tout ça se mettra forcément des oppositions à dos. Le recul de l’âge de la retraite passe en revanche mal et je le comprends : Les pensions de base étant déjà modérées, la retraite précoce était un bon compromis avec ce libéralisme de fait, adapté au fonctionnement de la société russe : Les « jeunes » retraités pouvaient soit continuer quelques années complémentaires de travail avec revenus cumulables, soit se rapprocher de leurs enfants (ce n’est pas une honte en Russie) et/ou avoir cotisé une retraite complémentaire privée, ou simplement faire une longue retraite « de base » tranquille en s’installant à la campagne, en pêchant, jardinant, bricolant, etc... Cette retraite précoce avait aussi l’avantage d’éviter la pression sur le marché de l’emploi pour les jeunes. Mais à part chez les communistes qui poseraient bien d’autres problèmes, je ne vois pas quelle alternance aujourd’hui, dans ce contexte de compétition mondialisée, remettrait l’âge de la retraite à celui d’avant la toute récente réforme. L’opposition libérale est remplie de menteurs démagos qui crient haro sur tout, même quand c’est libéral et qu’ils auraient fait bien pire eux-mêmes.