Une nation qui a des dents gâtées et condamnée à avoir un mauvais estomac. Nombreuses sont les nations qui souffrent d’une telle indigestion.
Si vous voulez jeter un regard sur les dents pourries de la Syrie, visitez ses écoles où les fils et les filles d’aujourd’hui se préparent à devenir les hommes et les femmes de demain.
Visitez les tribunaux et observez les actes des pourvoyeurs malhonnêtes et corrompus de la justice. Voyez comme ils jouent avec les pensées et les esprits des gens simples comme un chat joue avec une souris.
Visitez les maisons des riches où règnent la tromperie, la fausseté et l’hypocrisie.
Mais ne négligez pas pour autant de traverser les masures des pauvres habitées par la peur, l’ignorance et la lâcheté.
Rendez alors visite aux dentistes aux mains habiles, possesseurs d’instruments délicats, de ciments dentaires et de tranquillisants et qui passent leur temps à obturer les dents pourries de la nation pour en dissimuler les caries.
Parlez à ces réformateurs qui se présentent comme l’intelligentsia de la nation Syrienne, qui organisent des sociétés, tiennent des conférences et prononcent des discours publics. Lorsque vous leur parlez, vous entendez des airs qui semblent peut-être plus sublimes que le grincement de la meule, plus nobles que les coassements des grenouilles dans la nuit de juin.
Lorsque vous leur dites que la nation Syrienne grignote son pain avec des dents cariées, et que chaque morceau qu’elle avale est mêlé de salive empoisonnée qui répand les maladies dans l’estomac de la nation, ils répondent : « Oui, mais nous essayons de trouver de meilleurs plombages et de meilleurs tranquillisants. »
Et si vous leur proposez une bonne extraction, ils rient de vous parce que vous n’avez pas encore appris le noble art de la dentisterie qui dissimule la maladie.
Et si vous insistez, ils s’en iront et ils vous éviteront en se disant :
« Ils y a beaucoup d’idéalistes en ce monde, et leurs rêves sont faibles. »
« J’ai vu que l’homme savait qui il était la pierre d’angle de la création, et qu’il devait s’élever au-dessus de la petitesse et de la médiocrité. »