Vous faites dans l’émotionnel Nabum, et pendant ce temps-là il y a toujours une pénurie de logements. C’est facile, ça vous donne bonne conscience, mais est-ce que ça fait avancer les choses ? Pas vraiment n’est-ce pas ?
Déjà, voyez-vous, vous partez du mauvais pied avec votre titre biaisé et qui ne veut rien dire. Une expulsion en soi n’est pas une « abomination » si elle est justifiée. Elle serait une abomination si elle se faisait dans la plus totale illégalité et sans motif aucun. Or, dans l’immense majorité des cas, sur le fond, elle est l’aboutissement d’une procédure judiciaire dans les règles de notre état de droit. Cet état de droit reconnait en effet que parfois, les manquements de certains causent préjudice à d’autres et tente d’y remédier. Cela s’appele la justice. Dans notre pays, elle est certes très imparfaite, mais je préfère une justice imparfaite à une justice inexistante.
Si cette justice reconnait qu’un plaignant propriétaire subit un préjudice causé par un locataire indélicat, il est de son devoir de le reconnaître et offrir réparation au plaignant. Il n’est pas de son ressort de pallier aux carences d’autres services de l’état et faire le travail des services sociaux à leur place.
Or, vous et Chalot, vous êtes dangereux pour notre état de droit, car vous luttez contre un processus parfaitement légal et juste, ne vous en déplaise. Il ne s’agit pas de lutter contre les expulsions, il s’agit de lutter pour une meilleure prise en charge des gens réellement en difficulté et plus généralement pour une meilleure répartition des richessses, ne comprenez-vous pas la différence ?
Vous auriez été plus inspiré d’écrire un article sur la pénurie de logements HLM dans les bassins d’emploi, la stupidité coûteuse de la règle des 25% qui impose d’en construire dans les villes où personne n’en demande, l’opacité de la gestion des bailleurs sociaux et les passe-droits. Ajoutons aussi la longueur et le coût très élevé des procédures d’expulsion à la charge des bailleurs qui jouent un rôle non négligeable dans la pénurie de logements sur le marché.