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Commentaire de Christian Labrune

sur La vraie histoire de Jamal Khashoggi


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Christian Labrune Christian Labrune 20 novembre 2018 14:28

D’ici deux mois on n’en parlera plus.

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à l’auteur

Excellent article. On n’en parlera plus, dites-vous et, de fait, il aurait mieux valu qu’on n’en parlât jamais.

Des crimes commandés par la raison d’état et exécutés par des services secrets, ce n’est pas quelque chose de vraiment nouveau et il faudrait, rien qu’en France, plus que les doigts d’une seule main pour compter depuis cinquante ans les morts subites et les suicides un peu bizarres dont on n’a jamais connu les causes.

Mettons les choses au pire : le journaliste a été refroidi par les services de l’Arabie. C’est un crime d’état. Pour qui n’adhère pas à la version commune et beaucoup simplifiée des théories de Machiavel, c’est fort peu moral et même condamnable, mais Khashoggi était-il lui-même un héros des droits de l’homme, un parfait démocrate ami des « lumières » ? Assurément non : c’était un obscurantiste, et en tant que Frère musulman, il était notre ennemi. Des gens de cette sorte, et même d’origine française, issus de nos banlieues, l’armée française avec ses drones en a liquidé beaucoup du côté de Raqqa et de Mossoul sans qu’on en fît tout un fromage.

Ce qui est fâcheux, c’est que notre allié Ben Salmane agisse un peu en amateur et se prenne assez souvent les pieds dans le tapis. Son entreprise au Yémen - des plus légitimes puisqu’il s’agissait de faire pièce aux entreprises hégémoniques de l’Iran-, est en train de tourner salement en eau de boudin. La convocation à Riyad du premier ministre libanais n’aura pas non plus été une franche réussite, et ce dernier cafouillage dans un consulat est tout à fait indigne du professionnalisme qu’on peut attendre des services secrets.

Il reste que ce qu’il y aura eu d’encore plus lamentable que cette élimination, c’est l’extraordinaire sottise de la presse occidentale se scandalisant, comme un seul homme, de ce qui venait d’arriver à un pauvre « confrère » dans un consulat de Turquie. Recep Tayyip Erdogan aura su tirer parti avec un brio extraordinaire de la situation. D’un seul coup, le Président d’une République qui détient le record des arrestations et des emprisonnements de journalistes devenait le champion des droits de l’homme et le plus ardent défenseur de la liberté de la presse, clef de voûte de toute démocratie. Vive le Mussolini des Turcs !


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