C’est une façon de voir les choses. Une autre façon serait de penser que Macron asphyxie les retraités pour pousser ceux qui entrent sur le marché du travail à souscrire des plans de retraite complémentaire chez ses amis banquiers et assureurs. L’idée ne serait donc pas de sauver le système de retraite, ou de le rendre plus conformes aux exigences de Bruxelles, mais au contraire de le tuer en instaurant un climat de défiance vis à vis d’un nouveau système peu fiable, imprévisible, ce qui entrainera de facto un basculement progressif — voir brutal — vers un système par capitalisation. Cette stratégie ressemble à s’y méprendre à celle employée pour détruire la sécurité sociale en augmentant progressivement le besoin de recourir aux mutuelles...
Les arguments en faveur du système par capitalisation ne manquent pas : le capital peut être versé à n’importe qui, en totalité, ce qui résout le pb des pensions de réversion. Pas de solidarité avec ceux qui n’ont pas cotisé...
Par contre, un modèle par capitalisation serait contraire au modèle de société français, qui est fondé sur la SOLIDARITE. Pour rappel, ce ne sont pas les cotisations qui alimentent les retraites futures ainsi que les revenus de tous les exclus du marché du travail (Age, maladie, handicap, chômage structurel...) mais le travail des actifs, en application d’un principe de solidarité qui est l’essence même de la société français . Dans un système par capitalisation, les revers de fortune peuvent entrainer un retour sur le marché du travail, même à un age avancé. De tels revers ne sont pas si rares, si on en juge d’après l’âge de certains employés dans les entreprises américaines, surtout dans les petits boulots. La faillite d’ENRON fut, de ce point de vue, assez emblématique.