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Commentaire de Fanny

sur Renault-Nissan : Carlos Ghosn, soupçonné de fraude fiscale, a été arrêté au Japon


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Fanny 23 novembre 2018 14:00

En réalité, Ghosn a fait une erreur énorme, mais ce n’est pas celle qu’on croit (à mon avis et sous toute réserve).

Schweitzer avait bâti une Alliance d’une grande finesse, fort de l’expérience de son échec avec Volvo.

Ghosn était l’homme de la situation (Schweitzer : « sans lui, je ne l’aurai pas fait »).

Ghosn sauve Nissan de la faillite. Grand succès médiatique au Japon. Ghosn, c’est Napoléon au Japon.

L’Alliance va de succès en succès jusqu’à devenir avec Mitsubishi le 1er constructeur mondial en volume de véhicules produits. Une belle cible pour tous les prédateurs mondiaux. Ils sont en embuscade.

Ghosn se fait sacrer Empereur du groupe Renault-Nissan (cf. Napoléon).

Sur la longue durée, les Japonais constatent que Renault (auquel Ghosn est assimilé, malgré un management plutôt favorable à Nissan) est beaucoup plus petit et assez peu global (Renault ne vend pas aux Etats-Unis et peu en Chine, les deux plus grands marchés mondiaux), et que l’Alliance devrait logiquement être dirigée par un Nissan.

Marre de cet Empereur issu de Renault. Son arrogance (mais aussi  son savoir faire et son talent d’industriel en appui de son arrogance) rendent cette inversion des rôles assez pénible, sentiment qui se répand dans le personnel Nissan.

Et puis Ghosn veut noyer Nissan dans une sorte d’UE automobile, avec à sa tête un président. La fusion des 3 constructeurs ne convient pas à la majorité chez Nissan qui, maintenant rétabli, veut retrouver son identité propre et faire ses preuves en son nom propre.

C’est je crois à ce stade que Ghosn n’a pas senti qu’il fallait changer l’architecture de l’Alliance et faire que les 44/15 soient changés en 50/50. Et que le ciment de l’Alliance doit être le win win réciproque (sur les achats, les organes, les moteurs) et non plus le rapport de forces actionnarial (sans compter la présence de l’Etat français dans l’Alliance, particulièrement pénible pour Nissan, comme pour Volvo à l’époque).

Et qu’il fallait une gouvernance collégiale respectant vraiment l’identité de chacun pour cet ensemble des 3 constructeurs. Le Napoléon automobile devait s’effacer. Il ne l’a pas vu, pas senti, et s’il l’a vu il n’a pas réagi assez tôt, c’est là je crois son immense bourde sans compter son défi à l’hyperpuissance en Iran. Et il a tout perdu, tombant dans un piège que son hybrys ne lui a pas permis de déjouer.

Il est vrai que les Japonais ne sont pas des tendres, qu’ils sont très difficiles à décrypter, et qu’on ne voit pas venir la tempête jusqu’au jour où ça pète. Et là, ça secoue très fort. On y est. C’est Waterloo.

 


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