« Pas de report » des hausses
des taxes-carburant : Emmanuel Macron toujours sourd aux
revendications des « gilets jaunes »
Au lendemain du deuxième samedi de
mobilisation des « gilets jaunes », le gouvernement exclut
tout report de la hausse des prix du carburant.
Au lendemain du deuxième samedi de
mobilisation contre la hausse des prix du carburant, les "gilets
jaunes" ne désarment pas. Mais alors qu’un évènement Facebook
appelle à un « Acte 3, Macron démissionne », le 1er
décembre sur les Champs-Elysées, le gouvernement fait d’ores et
déjà savoir qu’il ne cédera pas d’un pouce sur la hausse des prix,
restant ainsi sourd aux revendications de ces Français inquiets pour
leur pouvoir d’achat .
« Il n’y aura pas de virage »,
mais un « discours sur la méthode », explique un poids lourd
de la majorité au Journal du dimanche, à propos de la prochaine
prise de parole du président de la République sur le sujet, ce
mardi 27 novembre.
Samedi soir, alors que 106 301 "gilets
jaunes" avaient été recensés dans toute la France, Emmanuel
Macron n’a pas eu un mot sur le fond des revendications des
manifestants, préférant condamner les violences qui ont émaillé
la mobilisation parisienne. "Merci à nos forces de l’ordre pour
leur courage et leur professionnalisme. Honte à ceux qui les ont
agressées. Honte à ceux qui ont violenté d’autres citoyens et des
journalistes (...) Pas de place pour ces violences dans la
République", a-t-il twitté.
Le même jour, le ministre de
l’Intérieur Christophe Castaner avait de son côté dénoncé la
mobilisation de l’« ultradroite ».
Le gouvernement vante sa loi mobilités
Et alors qu’une nouvelle hausse de 4
centimes par litre d’essence et de 7 centimes pour le diesel doit
entrer en vigueur dès le 1er janvier, l’Elysée prévient dans le
Journal du dimanche que la hausse des taxes sur les carburants « ne
fera pas l’objet d’un report ».
« Pour lutter contre le
dérèglement climatique, nous sommes engagés dans une trajectoire
nécessaire, donc nous n’allons pas la remettre en question »,
ajoute la ministre des Transports Elisabeth Borne dans
l’hebdomadaire.
Et la ministre de dérouler les
éléments de langage du gouvernement depuis le début de la crise,
évoquant « des territoires qui se sentent abandonnés », les
Français prisonniers du « tout-voiture », et vantant la
future loi mobilités qui permettra "d’apporter des réponses
concrètes partout« . L’Etat va »investir à hauteur de 2,6
milliards pour augmenter l’offre de trains du quotidien là où il y
a le plus de besoins", ajoute Elisabeth Borne.
Comme le ministre de l’Action et des
Comptes publics Gérald Darmanin qui regrettait la semaine dernière
"la dépendance de la France depuis 40 ans (vis à vis) des
pétromonarchies du Moyen-Orient et singulièrement de l’Arabie
saoudite", Bruno Le Maire a lui mis en avant dimanche sur
BFM-TV, l’importance pour la France de "se libérer des énergies
fossiles pour ne pas être le jouet des négociations entre Trump et
l’OPEP" .
Pour calmer la grogne, le gouvernement
temporise toutefois sur la mise en place d’une vignette poids lourds,
qui hérisse les transporteurs routiers. "Aucune décision n’est
prise", explique la ministre des Transports.
Macron devrait lancer un Haut Conseil
pour le climat
Toujours selon le Journal du dimanche,
le président de la République, qui dévoilera mardi la
programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), en profitera pour
lancer un Haut Conseil pour le climat, qui sera placé sous
l’autorité de Matignon. Au sein de ce Haut Conseil, devraient siéger
plusieurs personnalités de l’écologie comme l’ambassadrice de la
COP21 Laurence Tubiana, ou encore Pascal Canfin, directeur France du
WWF, soit deux personnalités un temps évoquées pour succéder à
Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique. Objectif,
selon le JDD : « susciter moins de crispations » sur la
« politique énergétique et ses incidences fiscales ».
« Doté de moyens », selon
l’Elysée, ce Haut Conseil pourra "intervenir sur toutes les
politiques publiques« , et aura en charge de s’assurer » de
la soutenabilité sociale et économique" des politiques.
Le gouvernement entendrait également
changer de méthode, un conseiller évoquant dans Le Parisien "une
méthode de transformation beaucoup plus participative".
L’exécutif va jusqu’à envisager l’éventuelle réception de
représentants des « gilets jaunes ». Pas sûr qu’une telle
initiative suffise à contenter ces militants.
https://www.marianne.net/politique/pas-de-report-des-hausses-des-taxes-carburant-emmanuel-macron-toujours-sourd-aux