Encore faut-il accepter la règle du jeu de la « majorité »
issue des urnes. Or, de plus en plus d’électeurs considèrent qu’il s’agit d’un jeu
de dupes et s’abstiennent de voter pour trois raisons :
- Le marketing politique et la starisation : les
médias créent des cultes pour les hommes politiques les plus en vue. Voter
consiste à légitimer l’octroi de fonctions publiques à tel ou tel personnage
que les médias et les agences de publicité ont mis en valeur ou même fabriqué.
Le candidat est devenu un « produit ».
- Le bipartisme : à une droite « libérale »
s’oppose une gauche « progressiste » (certains vont jusqu’à dire « socialiste »),
copies plus ou moins conformes du modèle américain, démocrates et républicains.
Les deux partis « ayant vocation à gouverner » ne représentent en
réalité aucun risque pour l’ordre existant. Convaincre l’électeur d’adhérer au
bipartisme revient à cantonner le pouvoir des urnes dans des limites que les
forces influentes de la société jugent acceptables.
- La professionnalisation de la classe
politicienne : les professionnels de la politique jouissent de salaires élevés
et d’avantages en nature et… d’ »honoraires d’appoint ». Ils ont des relations
avec le monde des affaires, et même s’ils ignorent les « dessous » de
la vie politique, les citoyens savent qu’ils ne sont pas reluisants. Par le
simple fait de voter, le citoyen contribue à perpétuer l’existence de cette
classe politicienne intimement liée au monde idéologico-médiatique et à celui
des affaires.
Pour autant, le pouvoir des urnes
ne se réduit pas à une pure fiction, mais d’une part la fonction essentielle du
vote se résume à accorder une légitimité à ceux qui recherchent le pouvoir et
pas forcément l’équité et d’autre part le vote des électeurs est le résultat de
manipulations destinées à l’orienter dans une direction bien précise.
La confiance dans les urnes et
l’attrait pour le bipartisme sont en baisse, alors que grandit le
mécontentement social. Des partis étrangers au bipartisme qui ont réussi à
focaliser les états d’âme oppositionnels des électeurs commencent à arriver ça
et là au pouvoir. Et les citoyens ne s’expriment pas par toujours par le biais
des urnes. C’est ce que nous sommes en train de vivre.