ADDENDUM
Hier à Paris, plus de dix mille citoyens se sont associés, de la Bastille à la République, à une très belle procession contre le réchauffement climatique. Cela part d’un bon sentiment, c’est bien, et cela réchauffe le coeur. Autrefois, quand la sécheresse menaçait les récoltes, on sortait pareillement des églises les statues des saints qui avaient un réel pouvoir sur le climat, et tout finissait par s’arranger.
Au XIVe siècle, après la grande peste, les processions de flagellants se multiplièrent. Le principe est simple : muni d’un fouet, on frappe celui qui précède et on est aussi bien frappé par celui qui vient derrière. Ceux qui sont en tête du cortège (*) sont très bien frappés eux aussi mais ils n’ont personne à fouetter ; ils se contentent donc de lever les bras vers un ciel d’où proviennent toutes les grâces, pourvu qu’on consente à souffrir, à l’imitation de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Le thermomètre qui est à ma fenêtre, hier, marquait onze degrés. Aujourd’hui, il est à treize. Le climat s’est encore un peu réchauffé. C’est que la procession n’a pas été suffisante. Il faut donc continuer à nous mortifier. Je vais éteindre mon cigare, me mettre à genoux durant une heure, en essayant de respirer le moins possible, pour éviter de produire du CO2.
(*) "Ceux qui sont en tête du cortège
« En Macronie, on doit dire »celles et ceux qui sont en tête du cortège". Ni vu ni connu, j’aurais pu corriger, mais je préfère avouer mon crime, et l’expier. Je resterai donc non pas une heure, mais deux heures à genoux, et sans respirer une seule fois.