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Commentaire de Christian Labrune

sur Pierre Soulages, l'artiste mélanthrope, a 99 ans


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Christian Labrune Christian Labrune 22 décembre 2018 13:32

Une autre description de l’œuvre « monopigmentaire » de Soulages, par François Jaunin : « Ses toiles géantes, souvent déclinées en polyptyques, ne montrent rien qui leur soit extérieur ni ne renvoient à rien d’autre qu’elles-mêmes. Devant elles, le spectateur est assigné frontalement, englobé dans l’espace qu’elles sécrètent, saisi par l’intensité de leur présence. Une présence physique, tactile, sensuelle et dégageant une formidable énergie contenue. Mais métaphysique aussi, qui force à l’intériorité et à la méditation. Une peinture de matérialité sourde et violente, et, tout à la fois, d’immatière changeante et vibrante qui ne cesse de se transformer selon l’angle par lequel on l’aborde. » (« Noir lumière », éd. La Bibliothèque des arts, 2002).

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Ce texte, qui ne signifie rien, constitue un excellent exemple du type de discours publicitaire à l’usage du gogo, que j’évoquais précédemment.

« monopigmentaire », entre guillemets, pour dire qu’il n’utilise que du noir, mais ça fait quand même « plus savant » !

« Ses toiles [...] ne renvoient à rien d’autre qu’à elles-mêmes ». Certes, on l’avait bien remarqué !

« Le spectateur est assigné frontalement ». Qu’est-ce que ça veut dire, être assigné frontalement ? Etre assigné à quoi ? A la révérence ? A claquer les talons et à lever le bras, comme devant les pires emblèmes ?

« englobé dans l’espace qu’elles sécrètent ». Ce serait la définition même du piège à cons !

« Une présence physique ». Qu’est-ce qui, dans le monde réel, n’a pas une présence physique ?

« dégageant une formidable énergie contenue ». On n’est pas loin du discours des crétins du new age qui sentent partout des « énergies », des « vibrations ». Bref, c’est parler pour ne rien dire ou choisir de caresser les plus cons dans le sens du poil.

« Mais métaphysique aussi ». Très bien ; comme ça, c’est complet. Tout est dans tout, et réciproquement ! Ca ressemble à un discours de curé parlant de l’incarnation. Ceux qui ont fréquenté le catéchisme y trouveront leur compte.

« Une peinture de matérialité sourde et violente, et, tout à la fois, d’immatière changeante et vivante.... ».La matière est l’immatière, la physique est EN MEME TEMPS métaphysique. Quelle salade !

On croirait lire les Mémoires d’un névropathe du pauvre Schreber évoquant le pouvoir extraordinaire des « rayons de Dieu ». Mais lui avait été enfermé, non sans raison.


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