On reste sur notre faim. La viande de l’Aubrac, c’est comme les blagues de Raymond Devos, c’est le must, pas celle qu’on vous vend au supermarket du coin, avec les blagues d’eli simoun. Quand on n’a pas trop les moyens, deux choix, soit bouffer de la merde, c’est ce qu’ont fait pendant trente ans des millions de sans dents, soit s’envoyer de temps à autre une bonne carne. On comprend qu’avec les problèmes de réchauffement, le scandale de la viande en batterie, de la vache folle, sur fond d’images où les chinois s’empiffrent de corned beef dés le berceau, une espèce de haut le cœur, vous monte à la tête. Et que beaucoup rompent carrément le tendon qui les relie à la bidoche. On peut faire des petits sautés craquants avec des légumes. On pète moins et on est plus légers. Enfin chacun voit la fin du monde qu’il lui plait à sa porte. Moi je suis pas à temps complet végétarien, disons trois quart temps, mais je constate que je mange de moins en moins de viande, et que plus ça va, moins ça me manque. Comme le travail. Qui veut dire étymologiquement « torture ». On revient au sort des bêtes. Là encore il y a une espèce d’addiction venue de la guerre. Mes parents me disaient qu’ils se saignaient aux quatre veines pour me payer ce foutu beefsteak. Tout ça me revient, quand je passe en vélo dans la campagne et que je passe devant les camps de la mort. Je veux parler du porc en batterie. Les animaux d’Orwell attendent qu’on crève, et je les comprend. Je place mon futur dans le corps d’un oiseau, ou d’un cheval, à la limite un écureil. A chacun son karma et les vaches ne seront plus gardées. Putin, c’est beau une vache, la vache !