@Citoyen de base
Si nous n’avons aucune difficulté à comprendre la langue du XVIIe siècle, c’est que le bon usage a été fixé dès cette époque par les grammairiens, les lexicographes et l’Académie. Elle a bien moins changé depuis trois siècles qu’elle n’avait évolué d’un siècle à l’autre du moyen-âge, et il y a peu de gens, même lettrés, qui peuvent encore lire aujourd’hui Le Roman de la rose et même Villon ou Rabelais sans recourir aux gloses des spécialistes.
Il y a évidemment quelque chose d’un peu arbitraire dans ce qu’on appelle « le bon usage », et c’est ce qui faisait dire ironiquement à Barthes, dans son discours inaugural au Collège de France, que « la langue est fasciste ». Mais sans cette fixité artificiellement organisée, et imposée par l’école, d’un code linguistique précis, on ne pourrait pas parler d’une littérature et d’une culture françaises. Or, un peuple sans mémoire est un peuple perdu.
Il va sans dire que l’école en France, après l’exécution sommaire qui lui fut infligée par les socialistes dès le milieu des années 80, n’est plus du tout en état de remplir son rôle.
Il y a bien déjà vingt ans (j’enseignais encore les lettres), j’avais signalé à un élève que sa dissertation, du début à la fin, était un tissu d’incohérences inintelligibles. Il m’avait fait cette réponse : « Mais moi, m’sieur, je m’comprends ! »
Que dire après cela ?