A l’auteur,
Vous faites un article à charge dont je partage beaucoup de vos conclusions.
Les gilets jaunes sont peu nombreux, la nature du mouvement implique la violence externe dans son action (blocages, manifs non déclarées et peu encadrées) et interne (refus de toute organisation). Cela favorise la casse, l’invective permanente et l’émergence de leaders démagogiques. Cela favorise aussi les manipulations (il y a beaucoup de gens d’extrême-droite à la manœuvre), les rumeurs complotistes les plus débiles, le grand n’importe quoi. Après plus de deux mois ces faits deviennent de plus en plus évidents.
Cela dit, votre article néglige la réalité sociale du mouvement très bien évoquée par les articles de Florence Aubenas par exemple. Le contexte est comme souvent celui d’un petit mieux économique faisant suite à 10 ans de rigueur après la crise de 2008. Toute une partie de la société estime avoir le droit de mieux vivre. Les ronds-points sont devenus le lieu d’une sociabilité où chacun a pu raconter ses difficultés, trouver une solidarité réelle. Ce n’est pas un hasard si on y a vu tant de femmes et mères de famille traditionnellement absentes des mouvements revendicatifs.
Comme tout le monde , j’ai été surpris par l’ampleur prise par cette action d’abord motivée par la bagnole. J’ai aimé voir des gens qui ne parlent jamais se faire entendre et être soutenus par la majorité. J’ai apprécié que le pouvoir, la stupeur passée ait pris la mesure de l’affaire. 10 milliards ne sont pas des miettes, tenter d’organiser la parole ne relève pas du mépris. Les gilets jaunes ont obtenus plus en deux mois que bien des syndicats en 30 ans, tant mieux.
C’est un moment de démocratie à la française, c’est-à-dire remuent mais utile.
En revanche la fin du mouvement risque d’être désagréable car la queue de comète n’est pas très nette.