Il existe tout de même quelques bons journalistes, et, ce n’est pas un hasard, quelques journaux indépendants : En ligne, « Reporterre », et « Basta » par exemple. On trouve parfois de très bons papiers dans n’importe quel canard. Le pire c’est la radio et la télé, qui ne semblent pas avoir compris que ce qu’ils refusent de parler sort sur le net. D’où la malaise, la certitude d’une journaliste aux ordres, travaillant pour et avec le pouvoir.
Cette crise est un formidable révélateur. Des deux cotés, il n’y a plus d’écho, de parole de l’un à l’autre. Le thème de la violence policière a par exemple absolument négligée, alors qu’elle aurait du faire les unes. Le traitement pour une baston de banlieue après une interpellation est plus conséquent. Le gilet jaune a été accommodé d’emblée au front national. Beauf, Bidochon, raciste, antisémite, les journalistes ont pour beaucoup abandonné leur éthique, pour généraliser à partir d’un effet de loupe, à but de manipulation. La répétition consternante d’un fait divers, comme celui du boxeur frappant un flic induit un malaise, et une grande colère. Il occulte des violences bien plus massives, handicapantes faites par des gens qui sont normalement des professionnels et qui doivent amener des réponses mesurées. Les donneurs d’ordre couvrent, car ils sont responsables ce faisant. Il n’y pas de hasard quand Castaner fait dans le déni absurde de la violence. Arrivé à ce point de rupture, des voix se font entendre. Mais qui a donc débranché les fusibles, muselé la démocratie.
On se rend compte alors qu’un bon journalisme permet au pouvoir de ne pas s égarer. Il y a eu malheureusement un effet de corps, à tous les niveaux. Les journalistes ont entretenu des rapports incestueux avec les politiques, et le milieu culturel, totalement aphone lui aussi. Ils ont les mêmes origines de classe, ceci explique aussi cela. Ils viennent des mêmes écoles, ont les mêmes sources électives et de détestation. Voilà, c’est la crise aussi de ce système où la pluralité n’existe plus comme dans le passé, car la représentation nationale n’existe pas plus que dans ce milieu qu’à l’assemblée. Forcé qu’ils ont rien vu venir. La campagne, pour eux, c’est le Lubéron.