@Decouz
Votre citation est tout à fait pertinente. Ce n’est pas parce qu’on trouve trois divinités rassemblées dans un même espace, comme sur telle stèle thébaine — j’ai lu ça plus haut — qu’on a une préfiguration de la théologie chrétienne. L’une des plus belles pièces du Louvre, la triade d’Osorkon II, représente simplement Osiris entouré d’Isis et de Horus. Et alors ? Rien à voir, si ce n’est le chiffre 3, avec la Trinité chrétienne !
Les différentes cosmogonies égyptiennes ne s’accordent guère : huit dieux dans l’ogdoade d’Hermopolis alors qu’il y en avait neuf à Héliopolis (ennéade). A Abydos, on compte sept dieux à l’origine du monde, et 15 à Thèbes !
Les délires sur les chiffres ont toujours fasciné les maniaques. Un mathématicien irrité par les délires concernant les proportions des pyramide, lesquelles auraient révélé une connaissance des grandes constantes de la physique, était allé mesurer une cabane de vendeuse de billets de loterie sur les Champs-Elysées. En triturant les chiffres, il parvenait à leur faire signifier à peu près n’importe quoi.
Des religions antiques au christianisme, il y a effectivement une continuité et des constantes. Le christ mort et vivant n’est évidemment pas sans rappeler le statut d’Osiris régnant sur le monde des morts, et la vierge ressemble à Isis par bien des côtés, mais l’origine de la Trinité serait à chercher plutôt dans le néo-platonisme dont Plotin est le dernier grand représentant. Tout le discours construit en 325 à Nicée sur les hypostases procède de sa métaphysique de l’UN, et de rien d’autre.
Ironie de l’histoire : Plotin était très hostile aux chrétiens, et plus encore son disciple Porphyre, lequel avait tant fait pour répandre sa doctrine.