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La vision politique est celle qui s’applique actuellement dans une grande partie du monde et spécialement en Europe avec une frénésie sans limite. Et pourtant cette politique qui date des années 1980 a des conséquences désastreuses sur les citoyens qui l’évaluent comme un échec mais pas pour les financiers et grands groupes qui eux la voient comme une réussite, égoïste et prédatrice.
La plupart des gens pensent que cette politique de casse humaine et sociale qui s’est étendue sur le monde comme un cancer, date du temps où Margaret Thatcher a accédé au pouvoir, renforcée un an après par l’arrivée de Donald Reagan à la Maison Blanche.
Ces deux dirigeants étaient des disciples inconditionnels d’un certain Milton Friedman économiste américain qui créa son Université « militante » à Chicago et de son acolyte Friedrich Hayek économiste britannique. La théorie de ces deux économistes était basée sur la privatisation totale de tout et sur la quasi disparition des interventions étatiques et de l’Etat lui-même. Au début des années 70 cette théorie apparaissait complètement folle, et on verra par la suite à travers ses effets, qu’elle le fût et qu’elle l’est. Mais au départ il fallait expérimenter et cette expérimentation allait entacher à jamais cette vision économique et (in)humaine du monde basée sur «
La Stratégie du Choc » titre du livre de Naomi Klein journaliste, essayiste et réalisatrice canadienne.
En 1970 le Chili, de tradition démocratique depuis environ 40 ans, porte démocratiquement au pouvoir Salvadore Allende figure emblématique de la gauche (la vraie) chilienne qui engage des réformes économiques et sociales profondes en faveur des classes populaires et par voie de conséquences contre les intérêts des hauts privilégiés. Nixon et la CIA qui avaient tout fait pour empêcher cette élection ont décidé de bafouer l’expression démocratique d’un peuple en fomentant un complot contre le pouvoir en place par la création artificielle du chaos économique avec l’aide de leurs complices autochtones. Dans le même temps Friedman fit venir gratuitement dans son Université de Chicago des étudiants chiliens privilégiés de l’Université catholique de Santiago pour les former à ses théories ultralibérales. En septembre 1973 l’armée avec à sa tête le fasciste Pinochet s’empare du pouvoir par la force, et instaure un pouvoir de terreur d’ordre nazi. Les chiliens sont massacrés, torturés, emprisonnés, isolés, enlevés, bref frappés par un véritable choc. Anéantis physiquement et psychologiquement ils allaient être résignés face à l’application d’une politique sauvage ultralibérale mise en place par la junte militaire sur les conseils des étudiants invités par Friedman au cours des années précédentes. Ces « Chicago Boys » comme on les appela remirent à Pinochet un livre énorme appelé « la brique » où étaient listées toutes les mesures Friedmaniennes à mettre en place. Les grands intérêts se redorèrent la pilule. Le peuple chilien, en plus d’avoir perdu ses libertés, sombra dans une misère noire mais la théorie de Friedman pouvait voir le jour en grand et pour ce dernier ce fut une réussite !
L’ultralibéralisme que nous connaissons aujourd’hui est issu de ce moment-là, accroché à jamais à cette horreur, 30 ans après le nazisme, qui fut répétée peu de temps après en 1976 par la dictature du général Videla en Argentine où les événements se déroulèrent à l’identique.
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