Lisez ou relisez Bernard Charbonneau qui nous prévenais déjà, dans un article paru dans « La Gueule Ouverte » en juillet 1974 :
- "Mais
très vite, ce mouvement (ndr : le mouvement écologiste) est devenu l’expression de cette même société
qu’il critique et entend changer. Tout intellectuel ou militant français
engagé dans cette lutte ne devrait jamais oublier à quel point l’éveil
de l’opinion a été une entreprise préfabriquée.
- C’est
en 1970, année de la protection de la nature que tout a été brusquement
mis en train par la caste dirigeante. On peut parler d’un véritable
« feu vert » donné cette année-là à la critique de la pollution et de la
destruction de la nature. Jusque-là, aveugles au ravage qui s’étendait
depuis au moins dix ans devant leurs yeux, les Français le découvrent
sur l’écran de « La France défigurée ». La presse prend le relais, du
Figaro au Monde, qui inaugurent la rubrique « Environnement », que
confirme la création d’un ministère. Chaque grande maison d’édition ou
revue a son secteur écologique."
- (...)
La
rapidité avec laquelle la société industrielle a récupéré le mouvement
écologique s’explique par des raisons que l’on peut ramener à deux :
1.)
Elle ne peut continuer quelque temps de plus à détruire la nature que
si elle contrôle un peu mieux ses propres nuisances. Il est évident que
si l’on ne dépollue pas les rivières, les usines s’arrêteront de tourner
parce que l’eau deviendra inutilisable. Et cette dépollution est
appelée à devenir la grande affaire de demain.
2.)
Dans la mesure où le matériel humain, notamment la jeunesse, réagit au
monde invivable que lui fait la croissance, il importe de contrôler ses
réactions en lui fournissant les divers placebos intellectuels qui les
détourneront dans l’imaginaire. C’est là que les intellectuels seront
utiles.