En France, cela finira comme en Italie ou en Algérie où soudain les policiers ont enlevé leurs casques et ont rejoint la population.Ce gouvernement le sait très bien.
« IL Y A LA VOLONTÉ QUE LES COLLÈGUES SE LÂCHENT »
Vendredi, 7 Décembre, 2018
Le mouvement des gilets jaunes ébranle les forces de police. Certains
fonctionnaires, comme Martin, CRS, ont décidé de se mettre en arrêt
maladie pour ne plus se sentir du mauvais côté de la barricade.
Martin (1) est CRS depuis de nombreuses
années. Des manifestations et des interventions parfois violentes, il en
a connu un nombre incalculable. Malgré des conditions de travail
difficiles et des doutes occasionnels, il a toujours appliqué les
directives avec discipline et obéissance, comme le veut la profession.
Mais la réponse policière aux manifestations de ces dernières semaines
ordonnée par le ministère de l’Intérieur l’a tellement écœuré qu’il a
préféré se mettre en arrêt maladie pour ne plus cautionner cette
répression aveugle. « Je ne me voyais pas taper sur des gens qui n’ont
rien fait. L’usage de la force est censé être proportionné. Même si ce
terme est subjectif, ça veut dire qu’on n’a pas le droit de tout faire.
Or, quand on nous dit de gazer sans sommation des lycéens qui
manifestent pacifiquement, c’est un ordre illégal. Dans le mouvement des
gilets jaunes, ce ne sont plus des groupes de casseurs bien identifiés
qu’on a en face de nous, c’est le peuple : des gens qui ont un réel
combat ou même qui se retrouvent en situation de légitime défense face à
la police », s’insurge-t-il.
« On se demande si notre devoir ne serait pas d’être avec le peuple. On subit la même violence sociale... »
D’après lui, il y a une réelle volonté politique de jeter de l’huile sur
le feu. « Quand on voit dans les comptes rendus opérationnels le nombre
de lacrymos ou de Flash-Ball utilisés, on est à des niveaux
exceptionnels, alors qu’on a vécu des manifestations beaucoup plus
dangereuses pour nous où on avait interdiction d’utiliser les lanceurs
de balles de défense (nom officiel du Flash-Ball – NDLR) »,
affirme-t-il. « Et ça, ce sont des décisions qui viennent du ministère
de l’Intérieur », souligne-t-il. En parallèle, « aucune consigne de
mesure n’est donnée aux CRS, contrairement à d’autres manifestations où
on nous met la pression. Là, il y a une volonté que les collègues se
lâchent », estime-t-il. D’autant que l’état physique des fonctionnaires
de police n’arrange pas vraiment les choses. « Quand on doit se lever à 2
heures du matin pour rejoindre sa compagnie à 3 heures et être sur les
Champs-Élysées de 7 heures du matin à 22 heures, c’est sûr qu’on est
épuisé et qu’on n’a plus le même discernement ni le même self-control »,
rappelle-t-il.
Et ce n’est pas la prime promise par
Emmanuel Macron qui suffira à apaiser les tensions. « Tous les collègues
auxquels j’en ai parlé se sont sentis insultés. On l’a ressenti comme
si c’était un susucre qu’on nous donnait pour qu’on ferme notre gueule
et qu’on aille faire le sale boulot », lâche-t-il. D’après lui, le
mouvement des gilets jaunes a fait naître des débats inédits dans sa
compagnie. « Certains taperaient sur père et mère si on leur en donnait
l’ordre. Mais il y a une vraie crise existentielle pour d’autres. On se
demande si notre devoir ne serait pas d’être avec le peuple. On subit la
même violence sociale en termes de salaire, et on est doublement
victimes de l’autoritarisme de l’État parce qu’en plus c’est notre
patron et qu’on est muselés », souligne le fonctionnaire, qui a observé
plusieurs arrêts maladie dans sa compagnie ces derniers jours. « Il ne
manque pas grand-chose pour que les flics refusent de retourner en manif
la prochaine fois », estime-t-il.
Concernant le revirement annoncé dans la
stratégie de maintien de l’ordre mise en place par la préfecture de
police de Paris – d’un dispositif plus statique samedi dernier à celui
prévu comme plus mobile et offensif pour ce samedi –, Martin estime
qu’il s’agit là d’une « décision politique habituelle ». « C’est ce qui a
été fait lors des dernières manifestations contre la loi travail ou le
1er Mai : on nous donne l’ordre de laisser casser pour que le mouvement
devienne impopulaire, et la fois d’après on y va fort parce que
l’opinion publique attend une réaction de répression policière. »
Source:L’humanité.