Ce
genre d’analyse que vous qualifiez « d’imparable » fait
partie de ces lieux communs, de ces formules éculées qu’il est de
bon ton de ressortir de la naphtaline dans les diners en ville.
Il
y a aussi : "Les africains sont tellement arriérés, tellement
peu entrés dans l’Histoire que le principe même de l’État leur
est inaccessible...«
»Leur système culturel et
politique est celui de la Tribu au niveau arriéré des palabres
interminables sous un arbre..."
Entre ici toutes les
considérations racistes et anthropomorphiques des nostalgiques de la
belle époque coloniale. D’un ridicule de bassesse humaine à faire
pleurer.
Bref il s’agit seulement de justifier à rebours
et en creux l’ingérence occidentale que l’on déplore pour mieux
poursuivre le pillage organisé de l’Afrique au nom du développement,
l’activation des conflits ethniques et religieux au nom de
l’humanisme.
Je cite :
Comme l’explique très bien Lugan : « Sur les décombres de ces empires ou sur les mosaïques ethniques régionales, les tracés coloniaux ont plaqué un artificiel maillage à l’intérieur duquel les Etats post-coloniaux ne sont le plus souvent que des coquilles juridiques vides ne coïncidant pas avec les patries charnelles qui fondent les véritables enracinements humains. »
A pousser ce genre de raisonnement, cela veut dire que l’Etat ne
serait qu’une formation politique viable pour population
ethniquement, géographiquement et culturellement homogène. C’est
adhérer implicitement à la formule nazie : "Ein Reich, Ein
Volk, Ein Fuhrer".
Sachez cher monsieur que la France
a connu et subit ce genre de doctrine « Un Dieu, un Roi ». Ce
fut la période la plus noire de son Histoire. Celle des dragonnades,
de la St Barthélemy, de l’exil en masse des plus érudits, des plus
honnêtes des sujets de France, etc. Heureusement que nous sommes
revenus de ce genre de fadaises et que la Tolérance, la liberté de
conscience et le pluralisme ont prévalu et que cette période
trouble a offert gracieusement un précédent juridique (Les Traités
de Paix de Münster et Osnabrück de la Guerre de Trente ans en 1648)
et de nouveaux concepts à la pensée occidentale pour se détacher
de ces sanglantes vieilleries ataviques.
Les frontières
d’un État sont toujours arbitraires. Il ne s’est jamais vu qu’une
frontière ne sépare pas un même groupe ethnique, une plaine
fertile, une ancienne contrée impériale, une zone d’influence
culturelle ou religieuse, etc. Il s’agit le plus souvent d’un partage
opéré sur la dernière possession reconnue, la dernière ligne de
front d’une guerre ancienne. Mais qu’est-ce que ça prouve ? Qu’il
faut reconstruire de nouveaux États, redessiner des frontières ?
Non. Cela tend simplement à démontrer qu’il faut apprendre à vivre
ensemble, prendre le meilleur des uns et des autres, s’entendre sur
le même sens à donner pour se comprendre et travailler
ensemble.
De même qu’une famille est composée d’enfants
qui ne se sont pas donné rendez-vous, pour être forte et unie elle
doit recevoir une culture de tolérance et de coopération, plutôt
que celle que vous propagez de dénigrement, de querelle impossible à
partager, d’ingérence dans les affaires d’autrui.
Avant
de parler pour ne rien dire. Relisez l’Histoire de France. Celle d’un
territoire très improbable, sous l’agression permanente de voisins
puissants et vindicatifs. Qui n’a pu survivre que par l’acceptation
de sa diversité, l’association fraternelle pour un destin commun des
Bretons, Alsaciens, Savoyards, Poitevins, Basques, Provençaux, etc.
C’est l’union des peuples qui a prévalu par dessus toute leur
différence pour établir la Justice et la Paix d’un État légitime.
La plus belle leçon que vous avez à offrir en tant que
français (pour peu que vous le soyez de cœur) c’est celle-là :
« Qu’à partir de tout ce qui nous sépare, il est seulement
possible de s’entendre ». Cette leçon — que seuls des
esprits arriérés ne peuvent comprendre — c’est : que l’État,
la République ne se fonde pas sur l’homogénéité, la conformité
mais que la Concorde, la Solidarité nationale naît de l’acceptation
de la différence comme le principe d’une vraie richesse.
26/03 13:07 - jean-jacques rousseau
Ce genre d’analyse que vous qualifiez « d’imparable » fait partie de ces lieux (...)
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