@Hervé Hum
C’est parce que vous confondez la notion de classe et d’ordre que vous ne comprenez pas qu’un esclave puisse être riche. L’ordre n’est pas un statut socioéconomique mais juridique. Et c’est cette distinction qui vous perturbe car elle implique que ce n’était pas ceux qui détenaient la propriété qui étaient les décideurs politiques et qui gouvernaient, ce qui va à l’encontre de votre réflexion. Plutôt qu’entrer dans des spéculations idéologiques je préfère rester sur les faits historiques :
-L’esclavage est un système social d’exploitation dans lequel un être humain est la propriété légale d’un autre être humain, lequel pouvait en disposer librement comme tout autre propriété : le vendre, l’hypothéquer, le louer et le léguer par testament. L’esclave était un instrument animé et il existait en Grèce un marché des esclaves.
-Beaucoup d’esclaves étaient des salariés, qui touchaient le même salaire que les hommes libres mais ils cédaient une part fixe de leur revenu à leur propriétaire. L’esclavage ne s’opposait donc pas au salariat, mais assurait sur la base du rapport salarial une rente au propriétaire d’esclave. Certains esclaves qui réussissaient économiquement et financièrement, avaient de facto des biens à eux, ils pouvaient même acheter leur liberté si leur maitre acceptaient qu’ils se rachètent.
Les esclaves ne constituaient donc pas une classe, au sens marxiste du terme, puisqu’ils n’exerçaient pas des fonctions différentes de celles des hommes libres. S’ils étaient surreprésentés dans les fonctions domestiques ou encore dans les tâches pénibles aucun métier ne leur était réservé. Ainsi, certains esclaves pouvaient exercer des fonctions qualifiées, par exemple dans l’enseignement, dans l’administration, dans le commerce, dans la finance. Pour l’illustrer, dans un discours de Démosthène, il est question d’un esclave capitaine de navire qui passe des contrats et accorde un prêt à un marchand sur son navire. Sur le plan socioéconomique, il y’avait un gouffre entre les différents esclaves , l’esclavage était donc un statut juridique qui pouvait s’insérer dans les différentes classes sociales (même si pour la plupart, ils faisaient partie de la catégorie sociale la plus basse). La notion d’esclave riche n’a rien de surprenante quand on connait la distinction entre la classe et l’ordre.
Les métèques quant à eux n’étaient pas des propriétés, ils étaient des personnes nées libres mais qui avaient quitté leur propre cité pour vivre dans une autre cité Etat sans y avoir les droits de citoyens. Les étrangers affluaient à Athènes parce qu’elle était la plus grande cité de Grèce et que c’était un privilège d’y être artisan et commerçant. Leur seule obligation était de se choisir un citoyen athénien pour patron.
Pour ce qui est de l’achat de voix, ce n’était pas pratiqué pour quelques raisons très simples :
-Les mentalités : même le plus pauvre des citoyens était fier de son statut civique, dans la mentalité des Athéniens, cet honneur ne valait pas les plus grandes richesses du monde, c’est ce statut qui faisait de lui un homme supérieur aux esclaves et aux étrangers qu’il considérait comme de viles créatures. Se laisser acheter pour des oboles aurait été pour eux le plus grand des déshonneurs.
-le contexte judicaire : les mises en accusation étaient permanentes, les athéniens se soupçonnaient constamment de trahir l’intérêt public comme l’attestent le grand nombre de procès, ce qui a eu pour effet l’émergence d’une société dans laquelle les citoyens se surveillaient les uns les autres. Un citoyen dont il aurait été prouvé qu’il a été acheté par un esclave, un métèque ou même un autre citoyen plus riche (et à ma connaissance cela n’est jamais arrivé) n’aurait pas seulement été exilé mais condamné à mort. Mais pire que la mort, il aurait à subir l’opprobre, lui et sa famille d’avoir été acheté par un simple métèque ou pire, par un esclave.
-Même en supposant que malgré les deux raisons précédentes, les riches se soient organisés pour acheter en permanence les voix des citoyens les plus pauvres qui constituaient plus de la moitié de la population (ce qui aurait laissé des traces, hors nous n’en avons aucune) pour mener une politique qui leur serait favorable, la quantité de citoyens pauvres était telle que cette corruption aurait été extrêmement couteuse , cela aurait tout simplement aboutit à une redistribution économique.
Dans tous les cas, d’une part il existe des raisons qui montrent qu’une telle corruption était quasiment impossible et d’autre part, il n’existe aucune trace historique d’un tel phénomène, sans même parler du fait que de nombreuses politiques suivies par Athènes n’étaient pas en faveur des riches.
02/05 16:06 - Hervé Hum
@maQiavel J’ai attendu jusqu’à aujourd’hui pour lire votre réponse, car ce (...)
25/04 15:20 - maQiavel
@Hervé Hum Pour finir , ce que je constate chez vous de manière générale dans cet échange et (...)
25/04 12:55 - maQiavel
@Hervé Hum Ce n’est pas seulement que nous avons des positions inconciliables, vous (...)
25/04 08:55 - Hervé Hum
@maQiavel Je vous l’ai dit, nous avons deux positions inconciliables, à chacun de (...)
24/04 09:20 - maQiavel
@Hervé Hum Les mots servent à décrire une réalité. La réalité qui est décrite par le mot « (...)
23/04 16:09 - Hervé Hum
@maQiavel Ce sont aussi les faits seuls qui m’intéresse et dénoncer les manipulations (...)
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