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Commentaire de maQiavel

sur De l'imposture du Génos communiste à la naissance de la démocratie à Athènes : déconstruction d'un mensonge !


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maQiavel maQiavel 30 mars 2019 18:18

@Hervé Hum

« D’autre part, vous parlez d’exploitation, mais selon la définition, cela peut aussi être l’élevage et même, « l’abattage » de l’esclave, si le maître y trouve son profit ou éviter la perte d’un profit. Qu’est ce que cela veut dire ? »

 

 ------> Comme je l’ai dit plus haut, l’esclave était une propriété dont le maitre pouvait disposer librement comme tout autre propriété. L’esclave était à la merci de son maitre mais il y’avait deux limites légales :

-d’abord le maitre ne pouvait le mettre à mort, un tel meurtre était jugé au tribunal cependant la peine encourue était généralement une amende. De plus, si un propriétaire tuait son propre esclave, personne ne se portait partie civile et le propriétaire échappait à toute peine publique. Cette interdiction avait surtout pour but de dissuader de tuer l’esclave d’un autre, ce qui pouvait donner lieu à un procès.

-la seconde limite aux droits du propriétaire était qu’un esclave pouvait chercher asile dans un sanctuaire pour y demander d’être vendu à un autre maitre. Le maitre ne pouvait l’en arracher de force.

Pour le reste le maitre pouvait en disposer comme il voulait. Rien ne l’empêchait d’en faire l’élevage mais dans les faits ça ne se faisait pas : élever un enfant esclave revenait plus cher qu’en acheter un adulte.

« Dès lors, comment un esclave pouvait « racheter » sa liberté avec l’argent de son maître ? »

------> Les sociétés antiques avaient conscience que l’esclavage constituait un mode d’exploitation d’une telle violence que la mise en place de grandes concentrations serviles ne pouvait déboucher que sur des révoltes dans la mesure où ces sociétés ne disposaient que d’une faible puissance de coercition.  Mis à part peut-être quelques moments tout à fait exceptionnels, les sociétés antiques n’ont jamais dû compter plus de 15 à 20 % d’esclaves, un seuil au-delà duquel le contrôle de ces masses serviles devenait difficile à assurer. Le problème va être résolu par les européens modernes durant la traite négrière grâce à l’invention des armes à feu et des canons. Dans le cas d’Athènes, c’était une société d’environ 300 000 habitants avec un nombre d’esclave à l’époque de la démocratie pouvant aller jusqu’à 80 000 (selon certaines sources vont même jusqu’à 150 000 à certaines périodes). La cité d’Athènes fait donc partie de ces exceptions de l’antiquité : il y’avait une proportion d’esclave tout à fait impressionnante. Des révoltes auraient pu avoir des conséquences catastrophiques.

Ainsi, si l’esclave était théoriquement privé de tout droit, la pratique sociale de l’esclavage était d’une toute autre nature, dans la mesure où le régime athénien avait dû moduler la violence de l’exploitation esclavagiste afin de la rendre tolérable et par là même socialement viable. Bien qu’en théorie un esclave ne pouvait posséder aucun bien et que son salaire devait revenir intégralement à son maître qui ne lui laisserait que de quoi assurer les conditions matérielles de son existence, son propriétaire lui laissait toujours une partie, en général suffisante pour que l’esclave puisse parvenir à acquérir des biens, se lancer parfois dans une activité de commerce, voir à économiser le pécule nécessaire au rachat de sa propre personne. Les propriétaires d’esclaves savaient qu’ils ne pourraient exploiter leurs esclaves qu’en rendant leur sort tolérable, ce qui les amenait en particulier à leur offrir la perspective d’un affranchissement. Cela n’est évidemment pas valable pour les esclaves qui travaillaient dans les mines du Laurion dans des conditions effroyables puisque la cité pouvait mettre en place dans ce genre de structure une infrastructure sécuritaire adéquate pour contrôler les esclaves. 


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