Ou
allons-nous ?
Par
cette route où nous marchons depuis des temps si longtemps
sans
demander à personne où elle mène ?
Tel
va pour tenter la fortune, tel pour chasser le souci,
en
quête de savoir, tel pour rentrer chez soi.
Nous
allons faire toutes ces choses à la fois :
Nous
allons retourner à l’évidence.
Ne
proteste pas contre ce que tu désapprouves. Passe-t’en.
Passe-toi
de toutes les organisations industrielles, commerciales, officielles.
Si
tu désapprouves le mensonge, quitte la ville.
Si
tu désapprouves la banalité, ne lis pas le journal,
si
tu désapprouves la laideur du siècle,
jette
loin de toi ce qui vient d’une usine.
Si
tu désapprouves la boucherie, cesse de manger de la viande.
Si
tu désapprouves le bordel, regarde toute femme comme ta mère.
Si
tu désapprouves le guerre, ne serre jamais les poings.
Si
tu désapprouves les contraintes de la misère, dépouille-toi
librement,
mais
approuve pleinement ce qui te reste et l’apprécie.
Fuis
la ville si c’est l’être et la substance que tu cherches.
Crains
de te frotter à ceux qui ne cherchent qu’à se fuir.
Nous
avons été trompés comme des nègres :
Pour
des jouets d’un sou, pour des bijoux de verre,
nous
avons troqué notre or.
Que
font-elles de nécessaire les villes ?
Font-elles
le blé du pain qu’elles mangent ?
Font-elles
la laine du drap qu’elles portent ?
Font-elles
du lait ? Font-elles un œuf ? Font-elles le fruit ?
Elles
font la boite. Elle font l’étiquette.
Elles
font le prix. Elles font la politique.
Elles
font la réclame. Elles font du bruit.
Elles
nous ont ôté l’or de l’évidence, et l’ont perdu.
Extrait
de « principes et préceptes du retour à l’évidence »,
Lanza Del Vasto
disciple
de Gandhi