Portrait (pour une fois,...) juste de Macron le séducteur par Serge Hefez.
Le psychanalyste Serge Hefez estime que le jeune président de la République, séducteur devant l’éternel, a flirté avec l’ivresse de la toute-puissance, avant d’être rattrapé par la réalité.
Le psychanalyste Serge Hefez s’était illustré il y a dix ans avec un essai sur « la Sarkose obsessionnelle » et les rapports parfois névrotiques que les Français entretenaient avec Nicolas Sarkozy. Interrogé au sujet d’Emmanuel Macron, le psychanalyste constate que le chef de l’Etat, dont « l’arme de guerre est la séduction, s’est pris un sérieux coup sur la tête ».
Emmanuel Macron est-il un président à double face ?
SERGE HEFEZ. C’est un très grand séducteur. Son arme de guerre c’est la séduction. Il a provoqué des mouvements passionnels extrêmement forts, surtout chez les personnes plus âgées : sa grand-mère, sa prof de Français évidemment (rires) ou encore le philosophe Paul Ricœur. La séduction, c’est une capacité d’empathie avec l’autre : pouvoir deviner son désir, se mettre dans sa tête, et anticiper ce qu’il attend de vous. La double face d’Emmanuel Macron, c’est la double face du séducteur.
Ses petites phrases sur le « pognon de dingue » ou encore « les fainéants », c’est calculé ou spontané ?
Je pense que ça lui échappe. Elles disent sa vérité. C’est presque comme des lapsus, quelque chose de lui-même qui ressort. Comme il n’a pas le cuir épais des politiques qui en font depuis 30 ans et qui savent masquer tout ce qu’ils pensent réellement, il laisse échapper des aspects de lui-même. Ce qu’il dit à ces moments-là, c’est ce qu’il pense réellement. Sa vision du monde qui est celle des financiers, cette idée que « quand on veut, on peut », qu’il y a les premiers de cordée et les autres, des doués et des pas doués… Ce qui ne l’empêche pas non plus d’avoir une vision sociale.