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Commentaire de Christian Labrune

sur Des miracles dans le Nouveau Testament


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Christian Labrune Christian Labrune 25 avril 2019 11:20

. Les historiens sont d’accord pour dire que ces massacres ont été perpétrés par des politiques pour répondre à leurs ambitions.

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@Pascal L

N’importe quel esprit neutre qui s’interroge sur l’histoire vous expliquera aussi que la plupart des religions n’existeraient pas si leur fonction, dès l’origine, n’avait été politique : rassembler et mettre en marche des masses dépourvues d’instruction et particulièrement crédules. C’est ce que fait apparaître fort clairement ce Traité politico-théologique de Spinoza que vous avez préféré ne pas lire et qui est pourtant, avec les Méditations de Descartes, l’un des grands piliers de la réflexion critique moderne. Le politique et le théologique n’ont jamais été séparés. Si vous connaissiez un peu l’histoire des conciles, vous sauriez que dès celui de Nicée, il n’était pas rare qu’on en vînt aux mains parce que les enjeux (la question de l’arianisme en particulier, en 325) étaient essentiellement politiques.
En matière de religion, tout l’effort de la tradition monarchique française, après la pragmatique sanction de Bourges en 1438, sous Charles VII, aura consisté à lutter
contre les prétentions POLITIQUES des papes, lesquels prétendaient dicter leur politique aux princes européens. Cette tradition du gallicanisme s’imposera plus que jamais sous le règne de Louis XIV, définitivement fixée dans les écrits d’un Bossuet. N’oublions pas que dans sa jeunesse, Louis et sa « jeune cour » étaient extrêmement proches du courant libertin, celui d’un Gassendi ou de La Mothe Le Vayer, lequel avait été un temps le précepteur du roi. La politique de Louis XIV ne commence à devenir calamiteuse (révocation de l’Edit de Nantes) qu’à partir du moment où le roi vieillissant devenu très-catholique et prenant au sérieux la religion se met à croire qu’une seule religion vaudrait mieux, politiquement, pour la France. Si notre histoire avait pu faire l’économie de cette dérive, on ne s’en fût assurément pas plus mal porté.
Je vous recopie ci-dessous un extrait de l’article Christianisme dans l’Encyclopédie. Il y est question, ironiquement, de l’islam, pris comme archétype de la toute religion « révélée ». On ne pouvait pas, à cause de la censure, parler ainsi du christianisme, mais cet éloge paradoxal et bouffon des religions révélées était quand même tout à fait transparent pour les lecteurs munis d’un cerveau.

On trouvera l’article complet à cette page :
https://gallica.bnf.fr/essentiels/diderot/encyclopedie/article-christianisme
"Vous me direz peut-être que le meilleur remède contre la fanatisme et la superstition serait de s’en tenir à une religion qui, prescrivant au coeur une morale pure, ne commanderait point à l’esprit une créance aveugle des dogmes qu’il ne comprend pas ; les voiles mystérieux qui les enveloppent ne sont propres, dites-vous, qu’à faire des fanatiques et des enthousiastes. Mais raisonner ainsi, c’est bien peu connaître la nature humaine : un culte révélé est nécessaire aux hommes, c’est le seul frein qui les puisse arrêter. La plupart des hommes que la seule raison guiderait, feraient des efforts impuissants pour se convaincre des dogmes dont la créance est absolument essentielle à la conservation des Etats... La voie des raisonnements n’est pas faite pour le peuple. Qu’ont gagné les philosophes avec leurs discours pompeux, avec leur style sublime, avec leurs raisonnements si artificiellement arrangés ? Tant qu’ils n’ont montré que l’homme dans leurs discours sans y faire intervenir la divinité, ils ont toujours trouvé l’esprit du peuple fermé à tous les enseignements. Ce n’est pas ainsi qu’en agissaient les législateurs, les fondateurs d’Etats, les instituteurs de religion : pour entraîner les esprits et les plier à leurs desseins politiques, ils mettaient entre eux et le peuple le dieu qui leur avait parlé ; ils avaient eu des visions nocturnes ou des avertissements divins : le ton impérieux des oracles se faisait sentir dans les discours vifs et impétueux qu’ils prononçaient dans la chaleur de l’enthousiasme. C’est en revêtant cet extérieur imposant, c’est en tombant dans ces convulsions surprenantes, regardées par le peuple comme l’effet d’un pouvoir surnaturel, c’est en lui présentant l’appas d’un songe ridicule que l’imposteur de la Mecque osa tenter la foi des crédules humains, et qu’il éblouit les esprits qu’il avait su charmer, en excitant leur admiration et captivant leur confiance. Les esprits fascinés par le charme vainqueur de son éloquence ne virent plus dans ce hardi et sublime imposteur qu’un prophète qui agissait, parlait, punissait et pardonnait en Dieu. A Dieu ne plaise que je confonde les révélations dont se glorifie à si juste titre le christianisme avec celles que vantent avec ostentation les autres religions ; je veux seulement insinuer par là qu’on ne réussit à échauffer les esprit qu’en faisant parler le dieu dont on se dit l’envoyé, soit qu’il ait véritablement parlé, comme dans le christianisme et le judaïsme, soit que l’imposture le fasse parler, comme dans le paganisme et le mahométisme. Or il ne parle point par la voix du philosophe déiste : une religion ne peut donc être utile qu’à titre de religion révélée. Voyez Déisme et Révélation.

"


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