Les Jésuites en Chine, au XVIIIe siècle, qui avaient réussi à séduire l’empereur par leurs connaissances techniques et leur maîtrise des mathématiques, expliquaient aux Chinois, pour les convertir, que le christianisme c’était comme le confucianisme, avec en plus la vie éternelle. C’est qu’ils étaient malins, ces Jésuites, et savaient bien qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. La publicité n’existait pas encore, mais avec quelques siècles d’avance ils avaient déjà compris que leur religion pouvait déjà prétendre « laver plus blanc ».
Passons sur les rivalités entre les missionnaires, la condamnation par l’évêque de Rome, à cause du scandale des « cérémonies chinoises » causé par un si audacieux syncrétisme.
Il reste qu’aujourd’hui, les chrétiens ne croyant plus du tout aux dogmes de l’Eglise catholique qui offraient aux Chinois ce « plus » dont je parlais plus haut, on pourrait très bien, et sans exagération, dire que le confucianisme est un très exact équivalent du christianisme.
Le confucianisme, c’est une simple morale qui sert à régler les relations entre les individus et le pouvoir central tout aussi bien qu’entre les individus eux-mêmes, selon un certain idéal de civilisation fort ancien.
Du christianisme, il reste une morale qui n’est pas vraiment méprisable si on sait ne la prendre au sérieux que jusqu’à un certain degré. Tout le reste a disparu. Aucun chrétien ne croit plus à la virginité de Marie, aux miracles du Christ, à la résurrection de Jésus, à la vie éternelle, à l’enfer, au purgatoire, au Paradis, pas même à la transsubstantiation dans l’eucharistie. Et quel chrétien comprend quelque chose au symbole de Nicée-Constantinople ?
Si l’Inquisition existait encor, se réservant le droit de remettre au bras séculier les hérétiques, il n’y aurait pas un seul chrétien actuel qui ne méritât, probablement, de finir sur le bûcher comme tout hérétique le mérite.