vu que le langage des sciences humaines gagnerait souvent à être explicité et simplifié pour les gens qui ne disposent pas nécessairement du temps nécessaire pour s’y plonger. La notion de psychopathie est loin d’être claire lorsque l’on n’a pas au préalable jeté un oeil sur quelques bouquins de psy. Il est donc important d’essayer d’illustrer, quitte à amplifier, pour que l’idée et les similitudes s’en trouvent mieux saisies. A nouveau, un petit passage cinématographique. Le film de Spielberg « La liste de Schindler », approche romancée d’une histoire vraie, met en perspective une période pendant laquelle des personnalités manifestement psychopathiques pouvaient se livrer sans conditions à leurs penchants destructeurs. On voit à ce propos la figure d’Amon Goeth. Effrayant au possible. Absence de conscience morale, de vie émotionnelle, et illusion de se sentir vivant en contemplant la souffrance provoquée chez les autres. De tels profils auraient-ils disparu de la surface du globe au moment où les Alliés ont eu le dessus ? Il me semble qu’ils existent encore, sous une forme différente, et heureusement atténuée, mais conservent quelques caractères communs, à commencer par l’absence de limites donnée à la puissance. Dans ces terribles années 30, l’une des ambitions affichées était de se débarasser des « faibles », c’est-à-dire, des « inférieurs », et il y eut même un certain Carl Schneider à considérer que la médecine devait emboiter le pas dans cette funeste aberration. Nous n’en sommes pas là, loin s’en faut, mais il est sans doute toujours nécessaire de se souvenir afin de limiter les risques de reproduire sous d’autres formes. Les signaux d’alerte gagnent à être considérés, même lorsque les faits n’ont pas de commune mesure manifeste. Quelles sont les conditions qui conduisent à produire des personnalités « psychopathiques », et comment prévenir les dégats humains ? Se peut-il, aussi, que les personnalités en difficultés diverses, fragilisées, soient parfois comme laissées au jeu de telles personnalités, qui ne se priveraient pas de les traiter comme des pions, ni d’en user et d’en abuser ? Et la fonction du cognitivisme dans tout cela ? Comprendre les comportements et éclairer des alternatives, mais aussi, maleureusement, parfois, contribuer délibérément aux manipulations psychopathiques et à leurs dégats. Il n’est pas nécessairement aisé de faire la part des choses de la manière la plus adéquate, mais il semble bien que la seule alternative à l’essor de la cruauté consiste à revitaliser les solidarités.