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Commentaire de Séraphin Lampion

sur Toute la beauté du monde...


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Séraphin Lampion Séraphin Lampion 27 août 2019 17:14

Cette approche de la nature est en fait très récente et date du courant littéraire naturaliste, de DH Lawrence à Zola.

Auparavant, la nature était considérée comme le monde sauvage qu’il fallait domestiquer pour les animaux, cultiver pour les plantes et civiliser pour les hommes. La nature, c’était la jungle.

Dans « La Maison du berger », Vigny décrit une nature sinon hostile, du moins indifférente aux destinées et à la sensibilité humaines :

Elle me dit : « Je suis l’impassible théâtre

Que ne peut remuer le pied de ses acteurs ;

Mes marches d’émeraude et mes parvis d’albâtre,

Mes colonnes de marbre ont les dieux pour sculpteurs.

Je n’entends ni vos cris ni vos soupirs ; à peine

Je sens passer sur moi la comédie humaine

Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs.

 

« Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre,

À côté des fourmis les populations ;

Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre,

J’ignore en les portant les noms des nations.

On me dit une mère et je suis une tombe.

Mon hiver prend vos morts comme son hécatombe,

Mon printemps ne sent pas vos adorations.

 

« Avant vous j’étais belle et toujours parfumée,

J’abandonnais au vent mes cheveux tout entiers,

Je suivais dans les cieux ma route accoutumée,

Sur l’axe harmonieux des divins balanciers.

Après vous, traversant l’espace où tout s’élance,

J’irai seule et sereine, en un chaste silence

Je fendrai l’air du front et de mes seins altiers. »


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