• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Bernard Grua

sur Le Parlement suspendu, une leçon de démocratie britannique ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Bernard Grua Bernard Grua 30 août 2019 18:09

@Eric F

Macron était effectivement, avant son élection, pour la levée des sanctions.

Maintenant, le volet agricole est une autre chose, bien plus compliquée. 

EMBARGO ALIMENTAIRE RUSSE

L’embargo alimentaire a été décidé par le Kremlin et non pas par les Occidentaux, pour partie (et pour partie seulement) en réponse aux sanctions. D’ailleurs cet embargo alimentaire, en ce qui concerne l’Ukraine, a été décidé avant l’annexion de la Crimée et avant la guerre du Donbass, c’est à dire avant les sanctions. Rappelons que l’Ukraine était un des principaux fournisseurs de denrées alimentaires pour la Russie.

Ensuite l’embargo sur la viande de porc biélorusse et européenne a été décidé en décembre 2013, c’est à dire, là aussi avant les événements et les sanctions précités. Cet embargo a causé un gros émois car il arrivait en pleine phase défavorable du cycle du porc.

D’autres embargos contre les biens agricoles européens ont été décidés à la suite des sanctions. En fonction des besoins de politique extérieure et des investissements agricoles, des embargos russe sur les denrées alimentaires sont périodiquement mis en place contre d’autres pays de l’Ex URSS, hors UE

IMPACT DE L’EMBARGO SUR LES EXPORTATIONS OCCIDENTALES ET LA PRODUCTION RUSSE

Les conséquences sont à examiner du point de vue européen et du point de vue russe. 

Pour la France l’embargo porcin (préalable aux sanction) est tombé au plus mauvais moment. Mais, assez rapidement, comme pour les autres denrées, les surplus se sont dirigés vers le marché chinois. En moins de deux ans, l’impact a été maîtrisé.

Pour la Russie, il faut savoir que cet embargo a été contemporain d’un rouble dont la valeur a été divisée par deux (comme le prix du baril). Le rouble était très largement surévalué au début des années 2010 en raison de l’envol des prix du pétrole. A l’époque la production russe était devenue plus chère que la production extérieure. A la même époque, les supermarchés regorgeaient donc de bien importés occidentaux. Je me souviens aussi de mon ami Igor d’Irkoutsk disant : "Pourquoi je m’embête encore à travailler à la datcha ? On trouve de tout dans les supermarchés."

A partir de 2014, les biens importés sont devenus deux fois plus chers (roubles) et plus rares (embargo). La production russe devenant comparativement moins chère, elle a donc pu être relancée. Il faudrait aussi savoir quelle a été l’évolution de la production des datchas. Elle tient une place importante dans l’alimentation des ménages. Ensuite les transformateurs européens établis en Russie se sont découvert un marché pour leur production russe qu’ils ont pu développer. C’est le cas des Allemands et des Français (dont Bonduelle très présent).

UNE VRAIE BOUILLIE

Bien malin qui sait donc avec précision rapprocher les phénomènes et leur cause précise. Embargo russe, sanctions occidentales, impact de la valeur du rouble, tout cela est une aimable bouillie tant de la part des partisans des sanctions, que de la part des pourfendeurs des dites sanctions. Lors des débats d’avril 2016 (Assemblée Nationale) et juin 2016 (Sénat), on a entendu des discours sidérants montrant une méconnaissance profonde du dossier et une totale confusion.

QUEL SERAIT l’IMPACT D’UNE LEVEE DES SANCTIONS

La motion de l’Assemblée Nationale sur une demande de levée des sanctions était assez directe. Celle du Sénat plus alambiqué. Alors pourquoi les sanctions n’ont pas été levées ? On ne peut que lancer quelques idées. 

- Tous les 6 mois un nouvel événement suscite l’animosité entre les Occidentaux et le Kremlin. 

- Les motions n’avaient qu’un caractère consultatif. 

- La tension agricole en France est retombée. Le point critique du cycle du porc est passé. 

- Des débouchés chinois ont été gagnés. 

- Le rouble reste bas, la levée des sanctions n’aurait quasiment aucun impact sur les exportations alimentaires occidentales.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès