Le modèle patriarcal, la référence originelle dans le monde, ne s’est pas imposé sur le seul critère différentiel de la force physique, loin de là. Hommes et femmes sont physiologiquement différents et complémentaires, c’est le principe sexué.
A l’origine, la force physique distingue la virilité de l’homme, la maternité et l’attrait sexuel distinguent la femme. Puis l’humanité évolue, lentement. Les philosophies se succèdent, pas si nombreuses au demeurant, chacune proposant une éthique de son temps (avec une théorie et une sotériologie, les trois axes de toute philosophie). Aujourd’hui, et depuis environ un siècle, on aboutit enfin dans nos sociétés modernes à un constat culturel : hommes et femmes sont égaux de jure et de facto, rien ne peut justifier quelque inéquité et, surtout, quelque inégalité.
Fort bien, mais c’est omettre deux caractéristiques fondamentales :
1) La sociologie des religions nous apprend que toutes les civilisations ont été ou sont religieuses, à l’exception de la petite frange constituée par l’homme blanc occidental contemporain, la France, pourtant fille aînée de l’Église, étant représentative des convictions athées, comme une figure de proue mais comme une quasi exception dans son ratio. Mais, encore aujourd’hui, les religions sont largement majoritaires dans le monde (85%). C’est ce qui explique en grande partie la résistance sociétale à l’égalité stricte. Il y a une corrélation évidente entre athéisme et féminisme : l’émancipation de Dieu d’un coté, l’émancipation de la femme de l’autre, dans l’espoir de venir enfin à bout du patriarcat.
2) Celui-ci s’est construit sur une double caractéristique. Si la force physique permettait d’emblée aux hommes de dominer voire d’asservir les femmes, il y avait tout autre chose. Toute cosmogonie polythéiste et toute religion s’appuient sur la masculinité première, que ce soit dans son fondement ou dans sa représentation, et la femme est toujours seconde, compte tenu de sa double spécificité charnelle, sexuelle et maternelle.