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Commentaire de Hervé Nifenecker

sur Et si on faisait appel à la générosité des Français ?


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Hervé Nifenecker Hervé Nifenecker 2 octobre 2019 14:43

@un des p’tite goutté

Il n’y a pas que les gouvernements. Nous pouvons aussi agir. Ci-dessous un exemple. Celui de

Marie

Marie est une jeune congolaise (Kinshasa) arrivée en France au début de 2011. Voilà son histoire :

Les parents de Marie appartenaient à la classe moyenne supérieure du Congo Kinshasa. La famille était pentecôtiste pratiquante. Le père de Marie était un opposant notoire au régime de Joseph Kabila. En 2011 Marie avait entre 16 et 17 ans.

Un jour, un groupe armé s’est présenté chez ses parents et les ont emmenés, avec leur fille, dans la brousse. Là, ils ont exigé du père qu’il viole sa fille ; celui-ci refusant il a été tué d’une balle, et la maman qui avait essayé de défendre son mari subit le même sort. Les nervis la violèrent alors à tour de rôle. L’un d’eux eut toutefois pitié d’elle (il avait une fille de son âge) et la fit passer de l’autre  côté du Congo, à Brazzaville. Elle trouva là un accueil et une filière de passage vers la France.. A Grenoble elle fut dirigée vers le Secours Catholique. Alors qu’elle se disait mineure l’administration lui fit subir un test osseux et la requalifia comme majeure, ce qui évitait d’avoir à la prendre en charge.

Elle se retrouva ainsi parmi les hôtes de notre association.  Arrivée à Grenoble en Mai 2011 nous la prîmes en charge en Juillet 2011. Elle était mutique et s’enfermait dans sa chambre sans vouloir en sortir. L’arrivée de mes petits fils et de leurs parents changèrent les choses. Ils l’emmenèrent à la piscine et à la luge d’été et la déridèrent. A la fin du séjour chez nous elle avait retrouvé la parole. En Septembre elle fut acceptée au Lycée Professionnel de Sassenage dans une classe de pressing. Elle s’avéra bonne élève, sérieuse et douée. Elle fut logée par une association catholique, et, ses problèmes de logements paraissant réglés et son insertion satisfaisante, elle  sortit du groupe d’accueil. Nous avions de ses nouvelles par une amie travaillant bénévolement. En Novembre 2013 cette amie nous avertit que Marie, hospitalisée d’urgence, demandait à nous voir. Pensant être enceinte elle avait été à une consultation prénatale à l’hôpital où on lui apprit à la fois sa grossesse et sa séropositivité. Elle se trouva mal. Il était trop tard pour avorter. Nous nous rendîmes à son chevet et la trouvâmes déprimée, envisageant d’accoucher sous X et d’abandonner l’enfant qui ruinait ses projets d’avenir.

Nous pensâmes que l’abandon de l’enfant risquait d’achever la démolition de Marie et lui proposâmes de rechercher une structure qui pourrait prendre soin d’elle et du bébé et lui permettrait de reprendre ses études qu’elle avait dû abandonner. Elle accepta notre proposition. Nous trouvâmes une structure parfaitement adaptée à ses besoins et financée par le Conseil Général de l’Isère, où elle fut accueillie peu de temps avant son accouchement. Peu avant, Marie avait fait l’objet d’un OQTF. Son avocate fit appel et obtint du juge une prolongation d’autorisation de séjour de 6 mois.

Le bébé est né et une forte relation s’est établie entre la mère et l’enfant. Etait il pensable de la renvoyer au Congo, compte tenu de son expérience affreuse dans ce pays, et de la nécessité pour elle de recevoir une tri-thérapie ?


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