Petit souvenir de lycée :
J’ai retrouvé le temps perdu que Proust cherchait désespérément.
S’il avait utilisé son temps pour profiter de la vie au grand air au
lieu de le perdre en s’infligeant le pensum qu’il a très judicieusement
intitulé « à la recherche du temps perdu », il aurait sans doute été
en meilleure santé (1).
Pour en venir à l’œuvre elle-même, il s’agit
d’un exercice de style étalé en couche épaisse et indigeste sur des milliers de
pages. J’ai abandonné à la page
140 : quand on termine le passage de la madeleine, on se dit qu’on ne
ratera plus rien sur le reste du pavé.
C’est l’effet papier peint dont souffrent beaucoup d’œuvres classiques :
quand on a déroulé un lé, pas besoin d’examiner tous les rouleaux, on sait quels
motifs et quelles couleurs on va y trouver.
Il peut juste y avoir quelques variations dues à des bains différents
mais aucune surprise digne de ce nom n’est à attendre. A propos de madeleine, Proust m’a ramené au
temps des visites que nous rendions occasionnellement à la cousine Marguerite. Un moment obligé de ces visites était l’interminable
visionnage des innombrables diapositives de vacances de notre globe-trotteuse
de parente. Certains trouvaient cela
génial (des initiés sans doute mais plus généralement son mari et son fils),
mais les autres réprimaient difficilement un bâillement devant la description
de clichés par lesquels ils avaient le plus grand mal à se sentir concernés. Bref, Marcel qui raconte sa no-life en long
et en large jusqu’à plus soif dans un style probablement recherché mais surtout
soporifique, je me demande qui peut supporter à part lui-même, ceux qui s’y
trouvent décrits et quelques rares masochistes qui vont jusqu’à prétendre y
trouver du plaisir. On a les perversions
qu’on peut !
(1) A
l’attention des cuistres qui ne connaissent que le premier degré : je sais
parfaitement que le temps dont il est question ici n’est pas celui qui s’écoule
mais une époque révolue. Cela rend cependant
l’explication beaucoup moins amusante.