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Commentaire de quid damned

sur On se trompe de transition énergétique


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quid damned quid damned 11 octobre 2019 22:03

@perlseb
Bonsoir,

Je ne sais plus qui avait posté ça ici (sur agovx) mais voilà qui fait écho à votre commentaire :

Supposons qu’à un moment donné, un certain nombre de gens travaillent à fabriquer des épingles. Ils fabriquent autant d’épingles qu’il en faut dans le monde entier, en travaillant, disons, huit heures par jour.
Quelqu’un met au point une invention qui permet au même nombre de personnes de faire deux fois plus d’épingles qu’auparavant. Bien, mais le monde n’a pas besoins de deux fois plus d’épingles : les épingles sont déjà si bon marché qu’on n’en achètera guère davantage même si elles coûtent moins cher.

Dans un monde raisonnable, tous ceux qui sont employés dans cette industrie se mettraient à travailler quatre heures par jour plutôt que huit, et tout irait comme avant.
Mais dans le monde réel, on craindrait que cela ne démoralise les travailleurs. Les gens continuent donc à travailler huit heures par jour, il y a trop d’épingles, des employeurs font faillite, et la moitié des ouvriers perdent leur emploi.
Au bout du compte, la somme de loisir est la même dans ce cas-ci que dans l’autre, sauf que la moitié des individus concernés en sont réduits à l’oisiveté totale, tandis que l’autre moitié continue à trop travailler.
On garantit ainsi que le loisir, par ailleurs inévitable, sera cause de misère pour tout le monde plutôt que d’être une source de bonheur universel.
Peut-on imaginer plus absurde ?

Bertrand Russell, « In Praise of idleness »

(texte original :

Suppose that, at a given moment, a certain number of people are engaged in the manufacture of pins. They make as many pins as the world needs, working (say) eight hours a day.
Someone makes an invention by which the same number of men can make twice as many pins : pins are already so cheap that hardly any more will be bought at a lower price.

In a sensible world, everybody concerned in the manufacturing of pins would take to working four hours instead of eight, and everything else would go on as before.

But in the actual world this would be thought demoralizing. The men still work eight hours, there are too many pins, some employers go bankrupt, and half the men previously concerned in making pins are thrown out of work.
There is, in the end, just as much leisure as on the other plan, but half the men are totally idle while half are still overworked.
In this way, it is insured that the unavoidable leisure shall cause misery all round instead of being a universal source of happiness.

Can anything more insane be imagined ?
Bertrand Russell, « In Praise of idleness »)


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