@Skirlet
Bonjour.
Après un bon dimanche de repos familial, je reprends ce difficile débat et votre dernier intéressant commentaire avec le souci d’avancer dans le dialogue et de construire collectivement (et surtout pas pour polémiquer ou pour « détruire l’autre », comme c’est trop souvent le cas sur le « web anonymus »).
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« Vu que l’Ukraine est une formation artificielle, comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, il ne me semble pas essentiel de garder son « intégrité territoriale », le mantra et le prétexte des « extérieurs » pour fustiger la Russie. Quand les gens ne peuvent pas vivre ensemble, ils se séparent (voir la Tchécoslovaquie) ».
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J’attire immédiatement, avec énergie et panique, votre attention sur le fait que la quasi totalité des frontières africaines, européennes et mondiales sont artificielles. Une vision un peu trop nonchalante vis-à-vis de charcutages arbitraires de frontières et du dépeçage de pays (en fonction de la volonté des pays les plus puissants du moment) électrise tout naturellement les milieux diplomatiques. Surtout ceux ayant conservé un souvenir douloureux du passé ensanglanté avec de lourdes pertes humaines. Dans notre vieille Europe bardées de cicatrices, une hyper sensibilité à fleur de peau existe. Tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un charcutage de frontière de type Hitléro-Stalinien de sinistre mémoire entraine une immédiate et compréhensible réaction de rejet.
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Cela ne veut pas dire que la voix pacifique rend impossible des scissions de régions et des transformations de frontières.
Mais le douloureux passé impose maintenant plus de délais, plus d’étapes, plus de cérémoniales précaution. Exemple pacifiquement abouti de la Tchécoslovaquie. Exemples en cours avec l’Espagne, la Belgique, la Grande Bretagne, le Canada et… la Nouvelle Calédonie française. Plusieurs réformes institutionnelles et référendums espacés jusqu’à une décennie permettent d’évoluer calmement vers une scission confirmée en bonne entente et éventuellement vers une réconciliation constitutionnelle intelligemment négociée.
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Le caractère des slaves est souvent explosif.
Je le connais personnellement trop bien.
Au-delà de l’éventuelle attraction spectaculaire du moment, notamment dans le domaine artistique et culturelle, la « gestion » sur le long terme de cette impulsivité nécessite beaucoup de patience, d’apprentissage respectif, notamment de sagesse face aux inévitables éruptions volcaniques successives. Mon intuition m’incite à faire partager cette philosophie vécue aux deux protagonistes, surtout si ces deux camps sont tous deux slaves !
« La Crimée n’est pas l’Ukraine, ses habitants n’ont jamais digéré le rattachement à l’Ukraine décidé par une seule personne, Khrouchtchev
, en violation des lois en vigueur à l’époque…/…La Crimée a toujours été russe ».
J’attire la aussi votre attention que dans notre vieille Europe bardée de cicatrices très douloureuses, une fois passées les effroyables guerres, quelques règles sont demeurées :
« Ce qui est donné est donné. Ce qui est repris est volé ». Dans le domaine conjugal comme au niveau des peuples. Les Ukrainiens, de leur côté, avaient pris ce cadeau spontané de territoire en 1954 comme une petite contrepartie à leurs souffrances et aux millions de morts subis entre 1930 et 1950 à cause de la politique imposée par moscou. Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev a agi dans le cadre de l’autorité légale du comité central du parti communiste qui n’a entrainé l’opposition d’aucune autre institution soviétique. La Crimée n’est russe que depuis la fin du XVIIIeme siècle (conquête militaire de « la tsarine allemande » Catherine II de Russie). La Crimée a légalement voté pour l’indépendance à l’égard de Moscou lors du référendum de 1991 (54% de OUI).
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Une solution « gagnante-gagnante » existe pour satisfaire aussi bien l’impériale légitimité russe que l’évidente légitimité Ukrainienne.
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« Le Donbass aurait pu rester en Ukraine en tant que région autonome il y a 5 ans, et maintenant j’ai des doutes. Pour cesser la guerre, c’est simple : retirer l’armée, laisser le Donbass tranquille dans ses frontières administratives ».
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Qu’importe la faute originelle
(les épouvantables crimes de masse successifs organisés par Moscou entre 1930 et 1950 ou bien le vote crétin du Parlement Ukrainien vis-à-vis de la langue russe),
il y a une fracture objective.
Toute blessure mal soignée peut se terminer à terme en amputation voire en disparition.
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Pour certains, le statut d’autonomie (réclamé par exemple par les kurdes du PKK en Turquie et par les kurdes YPG en Syrie) n’est plus possible. L’indépendance armée en cours serait la seule solution. En gros, l’amputation à chaud, la guerre, est la seule option imaginable pour eux.
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Mais d’autres estiment, comme moi, qu’une réforme constitutionnelle pourrait être pacifiquement travaillée sur une base proche de celle-ci :
=> Réintégration du russe comme une des deux langues officielles (comme en Belgique)
=> Régionalisation et décentralisation.
=> Interdiction électorale des idéologies sectaires et totalitaires (dont le nazisme et néo-nazisme).
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« s’affranchir des États-Unis et restaurer l’indépendance des États européens. Mais dans le contexte actuel, …/…(cela relève) …/… plutôt de la science-fiction... »
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Lorsque les USA ont commencé à appliquer impérialement sous Barack Obama des « lois américaines d’externalité » au prétexte que des européens utilisent un seul Dollar, ou un seul objet américain (boulon ou puce informatique) dans leurs échanges dans le Monde, une grande vague de suspicion économique et politique est née. L’élection de Donald Trump a confirmé l’intérêt pour les européens d’être « un peu plus prudent » (cela veut dire un peu plus autonomes des USA).
Par exemples :
1°) Sécuriser les échanges internationaux en Euro face au Dollar, aux banques voyous et à la haute finance spéculative prédatrice.
2°) Utiliser le fait qu’avec son élargissement, les pays européens sont maintenant devenus majoritaires en voix au sein de l’OTAN ! (surtout avec le contexte de repli diplomatique et militaire des USA de Trump en Syrie et ailleurs).
3°) Faire pragmatiquement fabriquer un jour certains boulons ou éléments informatiques en Europe, en Ukraine par exemple, plutôt qu’aux USA…
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L’abominable Donald Trump a en fait rendu un très grand service à l’européïsme. On en a eu la preuve lors des élections européennes où les pro FREXIT ont été laminés au profit de l’idéal d’une Europe des Nations de Gibraltar à Vladivostok. Ce slogan que je clame depuis 50 ans était utopique jusqu’à ce que presque tous les partis parlementaires s’en emparent en 2019. Mais le projet d’agences fédérales européennes autonomes, autofinancées par les Etats qui y adhèrent en toute liberté, contrôlées par le Parlement Européen, dans le respect complet des souverainetés nationales, rend donc cet idéal bien moins utopique.
A+ pour un débat serein et constructif.
Cordialement
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