@Gilles Mérivac
Avant de vous répondre
précisément, je souhaiterais vous remerciez pour la qualité de rédaction de vos
messages et le suivi de notre échange. Je formule simplement le souhait que,
notre conversation se prolongeant en raison de points de désaccord, nous n’en
arrivions pas à des propos désagréables sur nos capacités intellectuelles
réciproques, qui seraient supposées nous empêcher de nous comprendre.
Vous exprimez votre
soutien au point de vue développé par Julie Graziani au cours de l’émission de
LCI sur la nécessaire responsabilité individuelle des Français, dans un
contexte économique plus que délicat amenant à penser qu’en pratique (comme en principe),
l’État ne peut pas tout (et ne le doit pas).
C’est une position qui
me paraît raisonnable, et qui mérite d’être exposée aussi bien sur Agoravox que
sur le plateau d’une chaîne de télévision nationale, quitte à être opposée à des
opinions contradictoires.
Ceci étant précisé :
1) Mon article n’est pas
consacré aux propos de Julie Graziani mais à l’analyse qu’en a faite Clément
Viktorovitch. Vous n’y trouverez donc pas de développements sur le thème de la
responsabilité individuelle. Ce pourrait être un bon sujet, mais pour un autre
article. Vous noterez cependant que j’adresse au chroniqueur de Canal+ le
reproche d’avoir évacué ce thème, pour se consacrer à la révélation d’une « machination ».
2) Dans mes commentaires
sous les vôtres, je ne m’exprime pas d’une façon générale sur les propos de
Graziani, ce qui ne permets pas de conclure que « je m’en prends » à
elle. Mais vous m’invitez à exprimer ma position :
- je partage le point de
vue qui consiste à réattribuer aux individus la responsabilité qui doit être la
leur (toute la difficulté me semblant résider, en pratique, dans le choix de l’emplacement
du curseur) ;
- je suis conscient que
c’est une opinion difficilement audible par nombre de Français ;
- mais Graziani a rendu
un très mauvais service à ce point de vue en s’exprimant comme elle l’a fait.
Les propos de l’éditorialiste
concernant la mère de famille rouennaise méritent la critique car ils sont à la
fois hasardeux, sentencieux et brutaux. D’abord, comme elle l’a pourtant relevé,
nous ignorons tout de la situation de cette personne. Est-elle seule après
avoir quitté un mari violent ? A-t-elle accepté un travail rémunéré au
minimum légal après le dépôt de bilan de sa précédente entreprise ?
Ensuite, dans l’interprétation de l’éditorialiste, les difficultés de cette
femme résultent uniquement de ses mauvais
choix, dictés, on le suppose, par sa paresse ou sa bêtise. Enfin, ces propos sont
tenus par une professionnelle sur le plateau d’une chaîne nationale au sujet
d’une personne ordinaire dans l’incapacité d’y répondre.
Si un « travail de sape »
a été réalisé dans cette affaire, il se trouve là. Graziani ne s’est pas révélé être, ce jour-là, dans cette émission, le bon
messager, le bon avocat pour une situation, une cause, qui méritent d’être
exposée et défendue.