@Buzzcocks
Je me souviens comment enfant, ce pays me faisait rêver. Nous habitions derrière une base US, et deux de mes cousines ont épousé des aviateurs. Des copains yankee filaient des pleines cartouches de cigarettes à mon père. Les cousines écrivaient des cartes postales de San Diego. Trop cool... Peu à peu au fil des années, l’image s’est brouillée, et je crois que pour même les américains, quelque chose s’est cassé, en rapport à ces années bénies, qui partirent de la fin des années 50...Sans doute que la France et l’Europe ne sont pas en reste. S’il y avait du cynisme dans ses années là, un certain optimisme lié au progrès a disparu. Le libéralisme a taillé des coupes sombres dans le social, et peu à peu a émergé des nouvelles réalités. Les hobos poussant leur chariot de supermarket, avec leur duvet, vers des ponts aux infrastructures rouillés tout cela était la préfiguration d’un monde que Cormak Mac Carthy traduira dans son « The road », qui n’a plus rien à voir avec le « on the road » homérique de Kerouac, mais qui est un comte glaçant, sur l’aventure ultime d’un père et de son fils dérivant à pieds dans une Amérique ravagée par on ne sait quel cataclysme. Ce genre de nouvelles sur le collapsus final est devenu trop banal pour qu’on le banalise. Personne n’aurait imaginé il y a 40 ans la dérive du monde actuel, qui n’est plus qu’un supermarché, tenant plus au black friday, qu’à se constituer un plan, une route, une stratégie, un espoir. Ce que les jeunes exigent. C’est pas le bonhomme Harribo qu’est le gros Donald Trump qui peut être the right man at the right place, sure.