A l’instar de l’utilisation qu’en a faite Molière dans « Le
Bourgeois gentilhomme », les « turqueries » étaient en fait des
caricatures destinées à ridiculiser un engouement des courtisans pour le
puissant sultan ottoman à la suite de la visite de son ambassadeur à Versailles
et complaire au roi en le rassurant sur sa primauté universelle.
La cour avait sorti ses plus grandes richesses en 1669 afin
de recevoir pour la première fois l’ambassadeur du Grand Turc qui avait méprisé
ces dorures et aurait dit que « dans son pays, les chevaux étaient mieux
harnachés que le roi ». Afin que le roi ne perde pas la face, il a été décidé
que serait composée une pièce de théâtre «
où l’on pût faire entrer quelque chose des habillements et des manières des
Turcs ». « Le Bourgeois gentilhomme » a alors vu le jour et
intègré le célèbre « ballet turc ridicule », composé selon le vœu de Louis XIV,
et qui permet au pouvoir royal de trouver une réplique élégante au défi lancé
par son invité…
Le mot « turquerie » est donc en fait péjoratif et
s’applique non pas à des genres qui s’inspirent de la musique orientale pour en
tirer le meilleur, mais à des farces qui la singent pour s’en moquer, comme les
zouaves chantaient sous le second empire « Travadja la mouquère »
pour se moquer de la musique indigène de l’Algérie nouvellement conquise.