@JL
On peut parler soit de « collaboration de classe »
soit d’ »opportunisme politique ».
Il est arrivé que les classes dominantes arrivent à imposer
une domination pure (inquisition, bonapartisme...), mais le plus souvent, elles
ont eu recours à des subterfuges idéologiques pour maintenir un contrôle sur la
société, à travers une collaboration qui a pris des formes très diverses et pas
si facilement perceptibles, sinon, on n’en serait pas là.
La collaboration entre la noblesse et le bas clergé (dont
les membres n’étaient pas issus de l’aristocratie et ne pouvaient pas dépasser
un seuil hiérarchique) est l’une des plus connues (et efficace, la confession valant
bien les écoutes des SR) de ce type de collaborations.
Pour ce qui concerne, la collaboration entre les vieilles
dynasties et la bourgeoisies, le Royaume-Uni représente aujourd’hui un exemple abouti,
presque une osmose dans laquelle chaque élément nourrit l’autres, comme le
mycélium des champignons et les racines des arbres, ce qui n’empêchera pas
forcément les futures révoltes de cibler en priorité la famille royale en
dissimulant le rôle de la bourgeoisie et permettre la reconstruction d’un état
bourgeois « émancipé » sur des bases plus « saines », en
attendant la future crise.
Mais revenons à nos moutons français. En 1936, communistes,
socialistes réformistes et radicaux se sont alliés au sein du Front Populaire ne
privilégiant une « union sacrée » anti-fasciste plutôt que la
poursuite de leurs objectifs respectifs : « Pour nous, le pacte était
moins une fin qu’un commencement. Nous avions posé les bases de l’unité de la
classe ouvrière ; il fallait élargir notre alliance, l’étendre aux classes
moyennes afin d’assurer la défaite du fascisme. » [Maurice Thorez, dirigeant du PCF], ce qui a
abouti en fait à un gouvernement fantoche
de droite (Lebrun, Daladier) renversé par Pétain lors de l’invasion allemande.
Après la guerre, la course à l’union de la gauche et l’intronisation
de cinq ministres communistes par Mitterrand ont largement contribué à
discréditer les organismes représentatifs du mouvement ouvrier et à désamorcer da
puissance contenue.