Desproges ne nous a pas vraiment rendu service. Un an après « le
tribunal des flagrants délires » où il avait dit devant l’invité JM Le Pen
qu’on « pouvait rire de tout mais pas avec n’importe qui », il a
écrit dans son livre « Vivons heureux en attendant la mort », au
« Chapitre pitre » : « Il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un Juif que de
jouer au Scrabble avec Klaus Barbie. »
Mais de quoi on peut bien rire avec « n’importe qui » ?
Desproges avait
dit aussi : « On ne tire pas sur une ambulance, sauf s’il y a Patrick Sabatier dedans ! »
Autrement dit, on ne peut pas rire aux
dépens de n’importe qui. On peut rire des forts mais pas des faibles.
La difficulté, quand on faire de l’humour sur le racisme,
est de signifier que l’on ne rit pas des victimes de ce racisme, mais de ses
auteurs.
En fait, la vraie chut du « tribunal », c’était :
« On peut rire avec tout le monde, mais « c’est dur » ».
Mais on ne peut pas rire de n’importe qui, puisqu’il faut
« rire des forts et pas des faibles ».
Desproges ne nous a pas rendu service, parce que son excuse
était l’usage permanent du « second degré », un genre qui n’est pas
accessible à tout le monde et dont le décodage n’est pas sans failles.
Alors il vaut mieux réserver certains types d’humour à un
cercle d’amis initiés et éviter la place publique qui a la fâcheuse manie de
prendre à la lettre les propos des tribuns.