Les chinois n’ont pas la même notion de l’espace et du temps que nous. J’avais eu quelques intéressantes discussions avec une dissidente chinoise qui avait fui les excès d’un parti omniprésent.
Son discours s’était européanisé sur la question des droits de l’homme, mais elle reconnaissait que la terreur maoïste avait permis de rétablir les structures nécessaires au fonctionnement du pays.
Elle avait parfaitement intégré que sacrifier une ou deux générations était une meilleure solution que de céder à la tentation d’un court terme qui ne résout rien.
Dans le domaine du wei chi (nom chinois et original du go), les joueurs chinois prennent un malin plaisir à gagner d’un seul point, même s’ils sont en situation de creuser un écart bien plus grand.
Cette volonté de marquer leur supériorité se retrouve sous d’autres formes chez les coréens, au style plus agressif et flamboyant (écraser l’adversaire à tout prix) ou chez les japonais, plus gestionnaires que leurs voisins continentaux. Le maître de go coréen qui a formé les premiers joueurs français aimait répéter « coréens, asiatiques napolitains, japonais, asiatiques allemands ».
Les chinois ne se voient pas comme des producteurs de produits médiocres et pas chers, ils sont persuadés de leur supériorité et de leur domination à terme.
Malheureusement pour nous, ils ont les outils culturels pour parvenir à leurs fins.
Leur faille la plus marquée réside dans cette arrogance qu’ils ont de plus en plus de mal à dissimuler. A la différence des japonais qui se sont embarqués dans une aventure impériale surdimensionnée, les chinois bénéficient en plus de la puissance qu’apporte le nombre.