http://www.seuil.com/ouvrage/la-deconnomie-jacques-genereux/9782021241198
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Sous l’effet d’éviction, le bogue cognitif (extrait )
Pourtant, la thèse d’une telle éviction automatique et
systématique (les néoclassiques se demandent comment un individu
rationnel affecte un stock donné de ressource donné de ressources à des
usages alternatifs, l’équilibre général automatique est censé maintenir
l’économie au plein-emploi et donc au niveau maximum de production
possible), ressurgit régulièrement sous la plume des économistes du mainstream.
Dans son dernier ouvrage, le Nobel français Jean Tirole
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Tirole la reprend à son compte sur la
base d’un raisonnement éclair en sept lignes : "D’abord, créer des
emplois de fonction publique, pour faire simple, ne crée pas d’emplois :
l’augmentation des impôts nécessaires pour financer ces emplois devra
bine être payée d’une manière ou d’une autre. Si, par exemple, les
cotisations sociales ou la contribution économique territoriale sont
augmentées, les bines et services produits par le secteur privé
coûteront plus cher et les entreprises privées, perdant en
compétitivité, embaucheront moins (Jean Tirole, Économie du bien commun, PUF,2016,p.229). « Pour faire simple », dit-il. C’est vraiment le moins que l’on puisse dire !
On est d’abord frappé par l’incohérence des propos :
l’argument développé explique le contraire de ce qu’il est censé
démontrer ! En effet, si le développement de l’emploi public fait les
entreprises « embaucheront moins », cela veut dire que celles-ci
continuent à créer des emplois à un rythme moins soutenu, et non pas
qu’elles débaucheront les salariés déjà employés. dans ce cas, il y a
bine une création nette d’emplois. Ici, M. Tirole semble confondre une
diminution du nombre absolu d’emplois ; c’est juste une stupéfiante
erreur d’arithmétique.