@Mélusine ou la Robe de Saphir.
En 2020, que sommes-nous prêts à dépenser et dans quels postes budgétaires sommes-nous prêts à le dépenser ? Dépenser pour des accessoires et des chromes, ou pour l’arbre à cames que personne ne voit mais qui fait que le moteur a un ralenti solide et s’adapte aux demande de régime choisies ou subies ?
Que dire des emplois de soin à la personne et autres emplois de services tellement mal payés, mais sans lesquels plus rien ne fonctionne ?
Que dire des services publics qui assurent la continuité de l’État et permettent une résilience des collectivités territoriales, en particulier dans les zones isolées ?
La liste est longue des situations vécues qui résonnent derrière ce problème de l’allocation de la richesse nationale.
La question que suggère l’analogie des moteurs réels est donc simple : Quel point de ralenti sommes-nous prêts à accepter pour nos sociétés ?
Un point très bas, qui nous vaudrait d’être sobres mais incapables d’accélération suffisante en cas de crise, nous contraignant alors à faire des choix peut-être dramatiques lors des pires crises, mais où les règles de ce à quoi l’on tient sont assez claires pour tous ?
Ou un point élevé, qui donne une impression de résilience et garantit le plus souvent de passer les crises avec l’apparence que cela vaudrait pour le plus grand nombre, mais dont le coût d’infrastructure est élevé ? Et dont la sensibilité à une crise extrême est donc questionable, puisque la perception des règles sur ce à quoi l’on tient devient floue et moins partagée.
Si nous nous refusons à choisir, à l’échelle de nos sociétés, et la taille de notre moteur, et l’allocation de nos moyens, alors nous cessons de gérer les évènements, pour simplement les subir. Suivant la taille des crises, et nous avons maintenant une idée des temporalités pour le cas sanitaire et assez d’information pour le cas environnemental, cette allocation et ces choix diront comment nous définissons les minimums communs et comment nous serons à même de les protéger.
Il est certain que la situation actuelle, qui prône la compétitivité, nous a conduit à n’avoir n’avoir ni sobriété, ni résilience hors d’une marge qui se révèle aujourd’hui si étroite qu’elle est disqualifiée.
Ces analogies d’énergie remettent donc en cause le moteur « capitalisme », puisque l’avance valant intérêt et valant jusqu’à aujourd’hui accumulation des richesses définit par force un « gros ralenti » à notre moteur.
Ce que d’aucuns nomment le capitalisme des parties prenantes (Ref. 2) n’y changera rien au fond, car il n’agira qu’à la marge, sur la forme des sièges arrières et la taille de la galerie sur le toit dans notre analogie, et très peu sur la taille du moteur.
Quand cesserons-nous de nous payer de mots ?
1. Adapted or Adaptable : How to Manage Entropy Production ?
2. La crise du Covid-19 offre une opportunité de faire le capitalisme autrement, par Mariana Mazzucato
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-rapport-cout-benefice-222793#forum5715169