Autre avis.
Le décret
réservant l’usage de la chloroquine à la phase aiguë de la maladie
engendre l’incompréhension de grands spécialistes de médecine. Même le
président du HCSP reconnait son inutilité médicale et évoque une
décision prise sous la « pression ».
La décision du gouvernement de réserver
l’utilisation de la chloroquine aux seuls cas sévères de la maladie
suscite une grande incompréhension de « nombreux pontes de la médecine –
qui se montrent pourtant très dubitatifs à propos du médicament fétiche
de Didier Raoult », le chef de l’Institut hospitalo-Universitaire (IHU)
Méditerranée infection. C’est ce que rapporte le Canard enchaîné dans son numéro du 1er avril, publié pour la première fois de son histoire en ligne.
Ainsi, de l’avis de nombreux experts cet
antipaludique ne serait efficace, s’il l’était pour traiter le
coronavirus, qu’au début de la maladie. En effet, lorsque les patients
atteignent la phase aiguë de détresse respiratoire, leur charge virale
deviendrait quasi nulle, et par conséquent la chloroquine serait
inefficace à les soulager, ce médicament servant principalement à
diminuer la charge virale. En découvrant la mesure gouvernementale qui
reprenait « scrupuleusement les préconisations du Haut Conseil de la
santé publique », les membres des académies de médecine et de pharmacie
« sont tombés de l’armoire », assure le Canard. Et pour cause, dans un avis
publié le 25 mars, l’Académie nationale de Médecine considérait en
effet que « la libération par les pouvoirs publics de
l’hydroxychloroquine pour les malades hospitalisés en détresse
respiratoire ne saurait être une réponse adaptée pour des patients dont
la charge virale est, à ce stade, le plus souvent inexistante et dont la
maladie n’est plus une virose stricto sensu mais une défaillance
pulmonaire (syndrome de détresse respiratoire aigu) liée à
l’inflammation induite par le SarsCoV-2 [coronavirus] ».
Une décision sous pression ?
Cet usage tardif de la chloroquine
serait même « la décision la plus bête du monde ! » selon le professeur
Willy Rozenbaum, spécialiste du sida, dont les propos sont rapportés par
le Canard enchaîné. « A supposer que ce produit ait une
activité antivirale, il faudrait l’administrer le plus tôt possible
comme tous les médicaments de cette catégorie », plaide-t-il, avant
de rappeler que, comme pour les antiviraux utilisés contre la grippe,
« le délai est de 48h, après cela ne sert plus à rien ».
C’est la pression des soignants et des médecins
Encore plus gênant pour le gouvernement,
le professeur Franck Chauvin, président du Haut Conseil de la santé
publique, cette autorité scientifique à laquelle se réfère le décret
gouvernemental sur la chloroquine, joint par le Canard, reconnait
qu’une prescription aussi tardive de chloroquine n’a aucune utilité
médicale. Et il explique que « c’est la pression des soignants et des
médecins » qui a guidé ce choix, car « il n’était pas possible de les
laisser sans rien dans la phase aiguë de la maladie ». « Voilà qui a le
mérite d’être clair », conclut le Canard enchaîné.
Lors d’une audition à l’Assemblée
nationale le 1er avril, alors que le Premier ministre et le ministre de
la Santé répondaient aux interrogations des députés, Joachim
Son-Forget, lui-même médecin, a posé la question de l’intérêt de cette
prescription de la chloroquine aux seules formes graves de la maladie.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a alors botté en touche, répondant
simplement que plusieurs études sur l’efficacité de ce traitement
étaient actuellement en cours, avant d’ajouter : « croyez-moi, s’il y a
un médicament qui soit en mesure d’améliorer l’état de santé des
Français, on le mettra en place. »
Le professeur Perronne qui est
co-signataire de la pétition appelant à généraliser l’usage de la
chloroquine revient sur cette interdiction :