suite:première surprise : un intérêt général découplé du PIBJ’étais, comme beaucoup, abasourdi lorsque la décision du gouvernement d’imposer le confinement est arrivée. Non tant que cela ne semblait pas une chose raisonnable à faire au vu des circonstances, bien au contraire, mais plutôt que cela, d’instinct, apparaissait comme une transgression des règles du jeu. Renvoyer tout le monde à un mode de vie de sobriété domestique, déconseiller puis interdire les déplacements en avion, mettre la consommation et une partie de la production en berne, exiger des géants du streaming qu’ils limitent l’usage de données. Peut-on faire des choses pareilles ? En a-t-on seulement le pouvoir lorsque tout indique que le produit intérieur brut, à la fin de l’année, en pâtira ? Oui, parce que c’est nécessaire pour que ce dont nous dépendons, ce qui garantit notre intégrité fondamentale soit préservé.Deuxième surprise : la pandémie n’est pas une fatalitéJ’étais persuadé que si notre civilisation du progrès technique exponentiel avait un mérite, c’était bien d’avoir pu nous mettre à l’abri des ravages iniques des épidémies virales. J’avais tort. D’après une publication du Harvard Global Health Institute en 2019, « avec l’accroissement de la densité de population, des déplacements humains, de la déforestation et du changement climatique, une nouvelle ère de risque épidémique a commencé. Le nombre et la diversité des épidémies ont augmenté sur les 30 dernières années, une tendance qui devrait s’intensifier ». À l’heure de se protéger contre la pandémie, les valeurs sous-tendant notre système économique font en sorte qu’il est plus simple de se faire livrer à domicile le dernier gadget numérique que de rassembler suffisamment de masques de protection pour le personnel soignant, et elles ont pour effet de mettre à genoux les services de soins de santé à travers l’Europe. Loin d’être une fatalité, les pandémies du 21ème siècle et leur ampleur sont donc directement fonction de notre manière de produire et de consommer.