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Commentaire de Séraphin Lampion

sur L'attentat contre la statue d'Adolphe Thiers en juin 1881


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Clark Kent Séraphin Lampion 16 juin 2020 09:01

@Séraphin Lampion

On dirait que de vieux démons se réveillent !

Des destructions d’œuvres d’art religieuses ont eu lieu pendant la révolution française, en 1793. L’abbé Grégoire a même inventé le mot «  vandalisme » à cette occasion : "Au nom de la patrie, conservons les chefs-d’œuvre des arts. La Convention doit à sa gloire et au peuple de transmettre à la postérité et nos monuments et son horreur pour ceux qui veulent les anéantir"

Sous l’Ancien Régime, l’art était une façon d’affirmer sa puissance à travers des symboles de soumission, et les détruire représentait un exutoire pour d’anciens « sujets » devenus « citoyens ».

ette « toilette révolutionnaire »19 commence dès 1790, Louis XVI qui possède encore une faible influence sur le gouvernement de l’Assemblée Constituante assiste aux premières actions de nettoyage et de destruction sans dire mot. Suite à la fuite du roi à Varennes dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, le roi perd toute crédibilité vis-à-vis de son peuple et de l’Assemblée qui lui faisait confiance.

En 1792, le Conseil Général de la Commune de Paris a publié un avis considérant que tout l’héritage artistique de la France était « contaminé par la féodalité, le préjugé et la tyrannie » :

" Tout citoyens exerçant un négoce seront tenus dans un délai de quinze jours, de détruire ou de faire détruire les enseignes, figures et toutes emblèmes qui rappelleraient au peuple, le temps d’esclavage sous lequel il a gémi pendant trop longtemps. Tous les propriétaires ou locataires de maison sont tenus, aussi dans un délai de quinze jours, de faire disparaître de dessus les murs de leurs maisons les armes, fleurs de lys, statues, bustes, enfin tout ce qui ne peut être considéré comme des honneurs rendus à un individu, la Liberté et l’Égalité étant désormais les seules idoles dignes des hommages du peuple français".

A la fête du 10 août 1793, sur la place de la Révolution, on a brulé une multitude d’insignes royales sous le regard de la statue de la liberté triomphante et quelques semaines plus tard, les statues royales de Notre-Dame de Paris ont été détruites, et le 14 septembre 1793, la Convention a voté un nouveau décret donnant un délai d’un mois pour achever cette œuvre purificatrice. Le pire,, c’est que cet « iconoclasme » a basculé au gré des événements politiques, tantôt orchestré par la Contre-Révolution, tantôt par la Révolution ou encore entre les royalistes et les Robespierristes.

Une seconde vague a eu lieu quand l’Assemblée nationale a décrété en 1794 la destruction des monuments publics rappelant le despotisme. En vertu du décret, les tableaux et portraits représentant un individu de « la race Capet » ont été inventoriés puis réunis dans un même dépôt et enfin détruits pour éviter « que la superstition royaliste ne puisse en recueillir aucun ».

Il reste des traces de cette furie dans les commentaires des guides locaux des offices de tourisme qui attribuent toutes les destructions aux « révolutionnaires », même si la chronologie ne coïncide pas.

Il reste sans doute dans certaines têtes l’idée magique selon laquelle la destruction des symboles suffit à neutraliser le pouvoir qu’ils représentent.


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