- Vous parlez de changement conceptuel. Est-ce qu’on peut
imaginer que cet outil soit utilisé pour d’autres types d’actes qui consomment
du carbone ?
Absolument.
Je vous renvoie aux réflexions de Dominique Bourg sur le système de quota
carbone indifférencié selon qu’on prend l’avion, qu’on utilise la voiture ou
qu’on achète des vêtements. Ainsi, à chacun de choisir un mode de vie. Mais ce
n’est pas encore faisable techniquement. Tandis que pour l’aviation, l’outil
existe, c’est le fichier des passagers aériens. C’est la raison pour laquelle,
avec François Ruffin, nous considérons que le faire dans l’aviation est une
première étape à portée de main. Il faut bien commencer quelque part, et pour
l’aviation, c’est faisable là, tout de suite, maintenant.
-
Mais faut-il le faire au niveau national ? Le niveau pertinent n’est-il pas
plutôt européen ?
Le
niveau pertinent, par définition, c’est le niveau mondial. A défaut du niveau
mondial, c’est le niveau européen. Et à défaut du niveau européen, c’est le
niveau français. On ne peut plus accepter l’impuissance et l’inertie sous
prétexte qu’il faudrait que tout le monde fasse la même chose. C’est comme dans
le débat sur la taxation des Gafa : l’idéal serait une fiscalité mondiale, mais
puisque les Etats-Unis bloquent, nous allons agir au niveau français, et
d’autres Etats européens feront comme nous. Il faut se mettre à agir
sérieusement dans la lutte contre le changement climatique et c’est cela qui
créera un effet d’entraînement.
-
Cela peut détruire des emplois dans l’aérien ?
Les
destructions d’emplois actuelles dans le secteur aéronautique ne sont pas le
résultat de décisions écologiques mais de la négation, par l’ensemble de cette
filière, des problématiques liées au changement climatique. Un Etat stratège
doit contribuer à organiser la reconversion de cette filière industrielle au
lieu de l’encourager dans une forme d’aveuglement. 15 milliards d’aides de l’Etat
parce qu’on pense que le trafic aérien va repartir comme avant, ce n’est pas
responsable, c’est malhonnête vis-à-vis des salariés de ces entreprises.
Propos
recueillis par Baptiste Legrand