Embaucher un renard pour garder le poulailler n’est pas une
idée nouvelle.
En 1935, Roosevelt a fait « élire » Joseph
Kennedy (le père du futur président) à la tête de la nouvelle « Securities
and Exchange Commission » (SEC), l’agence fédérale américaine chargée de
réguler les marchés financiers (le « gendarme de la bourse »
américain), qui existe encore aujourd’hui. Or, le choix de Kennedy avait déclenché
un scandale qui avait donné à Roosevelt l’occasion de répondre par l’une de ses
plus célèbres répliques. Quand on lui demande pourquoi nommer un tel escroc,
Roosevelt a répondu : « Takes one to catch one », une forme édulchorée d’un
dicton américain affirmant : « it takes a thief to catch one. » (il
faut utiliser un voleur pour attraper un autre voleur).
La spécialité de Kennedy était le délit d’initié, (un des
principaux délits que la SEC devait justement réprimer) et il avait accumulé
une fortune en s’appuyant sur un réseau. Entre autres, il était proche du fils
du Président, Jimmy Roosevelt.
En septembre 1933, quelques mois avant la fin de la
Prohibition, Jimmy Roosevelt et Joseph Kennedy avaient embarqué ensemble pour
l’Angleterre pour négocier un quasi-monopole sur l’importation de whisky
anglais, et il avait utilisé le réseau d’influence de la mafia irlandaise dont
il était un membre majeur pour importer de l’alcool européen en toute illégalité
pendant la prohibition, en passant par le Canada.
Il était aussi connu pour sa participation à un pool
d’investisseurs accusés de manipulation, aux côtés des Frères Lehman,
fondateurs de la banque Lehman Brothers, dont la faillite a été au cœur de la
crise financière en 2008. La combine avait aussi à voir avec la légalisation de
la vente d’alcool : il s’agissait de faire monter le cours de
Libbey-Owens-Ford, un fabricant de verre qui ne produisait pas de bouteilles. Parallèlement,
le pool a pris des positions à la baisse, et a attendu que le marché se rende
compte que Libbey-Owens-Ford ne bénéficierait pas de la fin de la prohibition,
et de la reprise de la production de bouteilles d’alcool. Kennedy aurait, à
titre personnel, généré un profit d’environ 60 000$, soit l’équivalent de
plusieurs millions de dollars aujourd’hui. Roosevelt n’avait donc pas tort Kennedy était bien placé pour mettre un terme
aux pratiques abusives de la finance des années 1920…
Morales de l’histoire :
- à côté, Darmanin est un enfant de chœur (et
Cahuzac un remake pâlot)
- les dynasties ne sont pas des générations
spontanées.