@Gollum
Merci
pour votre
commentaire.
Il
y aurait beaucoup de choses à dire.
Très
brièvement :
Jacques
Ellul n’est pas un littéraire (j’ai compris que le terme était
péjoratif pour vous). C’est un sociologue, un juriste (son
Histoire des institutions en quatre volumes est un monument). Il
n’est pas intéressé par les mots ou les concepts, mais par la
réalité existentielle, par la matérialité de l’existence. Il a
été très marqué par le marxisme. Tout le contraire de vous,
enfermé dans la logique formelle.
Toute
votre posture respire un orgueil caractérisé. Vous voulez être
maître de votre sérénité au moment de votre mort, même sur la
mort vous voulez exercer votre emprise. Orgueil et aveuglement. Les
morts des sages sont du domaine de l’hagiographie. Le suicide de
Sénèque a été très laborieux. Platon, qui a relaté les derniers
moments de Socrate, n’était pas présent. Il y a moins de superbe
dans les récits bibliques. La mort est vue en face, et toujours
connotée négativement (c’est ce qui vous déplaît, cela échappe
à votre volonté d’emprise). Je suis en total désaccord avec vous
sur le Christ, qui n’est pas du tout mort comme un sage, mais comme
un homme, comme tout homme.
Votre
position n’a rien d’original. C’est l’éternelle prétention
de l’homme d’enfermer le réel dans des catégories logiques. La
logique a sa validité, mais dans son domaine propre. Vouloir ramener
le réel, le donné
brut de l’expérience,
à la logique, c’est
vraiment là que réside la puérilité. C’est l’expression du
péché par excellence, celui de mainmise sur le réel et d’autonomie
complète, autonomie
totalement illusoire
pour nous autres créatures. (D’où l’isolement
de tous ces philosophes et penseurs, dernier
moyen disponible pour espérer atteindre cette autonomie.)
Le
réel n’est pas logique, et la Bible non plus. La Bible refuse
toujours la tentation du concept (Paul). D’où les contradictions
incessantes qui la disqualifient à vos yeux. La Bible comme le réel
est dialectique, c’est-à-dire coexistence et jeu des contraires.
Ouverture sur l’inédit. Inassimilable par la logique.