Le
post-confinement a déjà apporté ses premières surprises, avec ses
« olas » agenouillées : le mouvement BLM-Traoré répond-il vraiment aux
besoins du moment ? C’est surtout un symptôme de plus d’américanisation,
et quand on pense à l’état de la société étasunienne, il n’est pas sûr
qu’importer sa conception des rapports Blancs-Noirs soit de nature à
aider les Noirs ou à pacifier la société française. Mais on peut même se
demander si cette séquence est bien une surprise ou si elle n’est pas
en rapport avec le nouvel esprit apporté par la lutte contre le virus,
ou, comme on disait jadis, les « miasmes ».
Dans son interview pour le “ Quartier Libre ” d’Aude Lancelin,
Emmanuel Todd s’exprime sur la période que nous venons de vivre. Il
reprend les thèmes favoris de La lutte des classes au XXIème siècle,
comme les conséquences néfastes du développement des études supérieures,
et celles, positives, de la paralysie de l’ascenseur scolaire : au lieu
d’apporter du sang frais aux classes supérieures, les enfants les plus
doués des classes modestes vont rester dans leur classe d’origine, et
cette évolution est déjà une des explications de la force du mouvement
des Gilets Jaunes.
Mais Todd apporte aussi des réflexions plus récentes, notamment sur
la faillite de la clique au pouvoir, qui a conjugué impréparation et
mensonge ; mais n’est-il pas trop optimiste en affirmant que les gens
ont compris que, dans le néo-système, « gouverner c’est mentir » ? Il se
prononce aussi sur le Front Populaire de Michel Onfray : le
souverainisme est une bonne chose, sauf quand il repose sur la haine de
l’autre, l’arago-musulman (il faudra voir sur pièces ce que vaut ce
nouveau média).
Mais, surtout, Todd analyse les mouvements qui viennent d’agiter les
médias (sinon le pays) : les Verts ? Il fallait beaucoup de mauvaise foi
pour parler, au soir des élections, de « raz de marée vert » (je serais
étonnée qu’un journaliste ne soit pas allé jusqu’au « tsunami »), alors
qu’ils représentent, l’abstention aidant, 10 à 15% de la population ;
il n’a du reste aucune illusion sur eux, laissant entendre que la
« verdure » est le cadet de leurs soucis (l’évolution des Verts
allemands, devenus parti de la guerre, et parti de gouvernement allié de
la droite, confirme son scepticisme). Quant au mouvement de
protestation noir, Todd montre à quel point il est une simple
transposition de la situation étasunienne, et inadapté à la nôtre : ici,
le racisme est surtout anti-arabo-musulman, et il s’agit d’un racisme
essentiellement différent de celui des EU, historique et économique, et
non, comme là-bas, biologique...........suite....